Rocket Lab Vénus
Crédits : wasan prunglampoo/istock

Quand aura lieu la première mission privée vers Vénus ?

Aucune entreprise privée n’a encore envoyé de vaisseau explorer un monde au-delà du système Terre-Lune. La société Rocket Lab entend ouvrir le bal en envoyant une petite sonde en direction de Vénus. L’objectif serait d’évaluer le potentiel d’habitabilité de ses nuages. Mais pour le lancement de cette mission, il va falloir encore attendre.

Vénus : une planète infernale

Vénus est considérée comme l’une des planètes les plus inhospitalières de notre système solaire. Son atmosphère est en effet composée principalement de dioxyde de carbone (CO2), avec des nuages d’acide sulfurique. Cette atmosphère dense emprisonne la chaleur du soleil et provoque un puissant effet de serre. En surface, les températures avoisineraient alors les 470°C. Même la planète Mercure, qui est la plus proche de notre étoile, n’est pas aussi chaude.

La pression atmosphérique à la surface de Vénus est également environ 92 fois supérieure à celle de la Terre. Pour mettre cela en perspective, il s’agit d’une pression équivalente à celle ressentie dans l’océan à environ un kilomètre de profondeur. Par ailleurs, Vénus est balayée par des vents violents atteignant des vitesses allant jusqu’à 350 km/h dans sa haute atmosphère. En outre, bien que la planète ait été considérée autrefois comme une planète potentiellement humide, les observations modernes indiquent que l’eau liquide n’existe pas à sa surface.

Pour toutes ces raisons, on a longtemps pensé que Vénus était inhabitable.

Un monde fascinant malgré tout

La planète continue d’intéresser les scientifiques planétaires, et ce pour plusieurs raisons. D’une part, Vénus est considérée comme une « soeur » de la Terre en raison de leur taille et de leur composition similaires. Ainsi, le fait d’étudier son atmosphère dense et son effet de serre extrême pourrait aider les scientifiques à mieux comprendre les mécanismes et les changements climatiques sur Terre.

Par ailleurs, malgré son environnement inhospitalier, la planète suscite un intérêt en tant que cas d’étude pour comprendre les limites de l’habitabilité planétaire. En comprenant pourquoi Vénus est devenue un enfer brûlant, les scientifiques pourraient en effet mieux évaluer les conditions nécessaires pour soutenir la vie sur d’autres planètes.

En outre, même si les conditions de surface ne permettent pas le maintien de la vie telle que nous la connaissons, certaines parties de l’atmosphère de Vénus paraissent beaucoup plus douces… mais sont-elles habitables pour autant ? Certains le pensent. C’est notamment le cas de Rocket Lab, une entreprise connue pour essayer de rattraper ses premiers étages de fusée avec un hélicoptère.

Une mission retardée

En août dernier 2022, la société néo-zélandaise avait ainsi confirmé son intention d’autofinancer le développement et le lancement d’une petite sonde en mai 2023 chargée de voler à travers les nuages ​​de Vénus.

Une équipe du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et d’autres organisations doivent également contribuer à la charge utile scientifique. Il s’agira d’un éphélomètre autofluorescent. Ce petit instrument sera capable de détecter les particules en suspension dans les nuages. L’objectif sera de rechercher des composés organiques.

Il est prévu que la sonde passe un peu plus de cinq minutes à traverser la haute atmosphère. Cependant, elle pourrait aussi continuer à transmettre des données à mesure de sa descente vers la surface.

vénus rocket lab
llustration d’artiste de la sonde Vénus prévue par Rocket Lab s’approchant de la deuxième planète la plus proche du soleil. Crédits : Rocket Lab

Finalement, le développement de la mission a pris du retard. En conséquence, elle n’a pas pu être lancée dans les temps. Cependant, une opportunité de sauvegarde est toujours prévue en janvier 2025. Aux dernières nouvelles, cette première mission privée en direction de Vénus n’aura donc pas lieu avant au moins un an et demi. Un porte-parole de la société l’a d’ailleurs récemment confirmé à TechCrunch.

Pour le lancement, Rocket Lab compte utiliser sa petite fusée Electron de dix-huit mètres de haut. Le lanceur sera chargé de livrer la sonde à 165 km au-dessus de la Terre. À partir de là, l’étage supérieur de la fusée, nommé Photon, se chargera de livrer la sonde au-dessus de Vénus. En supposant un lancement en janvier 2025, le vaisseau pourrait atteindre sa cible environ cinq mois plus tard.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.