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Pointe de flèche en silex incrustée dans une côte humaine, trouvée sur le site du Roc de les Orenètes (Queralbs, Ripollès). Crédit : Maria D. Guillén / IPHES-CERCA

Pyrénées : il a survécu des années avec une flèche fichée dans l’os, il y a 4 000 ans

Une simple côte percée d’une pointe de flèche en silex. Ce vestige humain, récemment découvert dans une grotte des Pyrénées catalanes, raconte une histoire fascinante et brutale : celle d’un individu qui a survécu à une attaque armée il y a plus de 4 000 ans. Loin d’être un cas isolé, cette découverte s’inscrit dans un contexte plus large de violences récurrentes au sein des communautés montagnardes de l’époque.

Une blessure impressionnante, mais non mortelle

Le site archéologique du Roc de les Orenetes, perché à 1 836 mètres d’altitude dans les Pyrénées espagnoles, livre peu à peu ses secrets depuis le début des fouilles en 2019. Les archéologues y ont déjà exhumé plus de 1 000 ossements humains, datés entre 4 100 et 4 500 ans. Mais l’une des trouvailles les plus frappantes reste cette côte humaine transpercée par une pointe de flèche en silex.

Les analyses montrent que la blessure n’a pas été fatale. L’os a cicatrisé autour du projectile, preuve que la victime — dont ni le sexe ni l’âge n’ont encore été précisés — a survécu, peut-être de nombreuses années, avec ce fragment de pierre planté dans le corps. Les archéologues supposent que la flèche a été tirée dans le dos, ce qui évoque une attaque surprise ou une embuscade.

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Crédit : Maria D. Guillén / IPHES-CERCA

Un climat de violences récurrentes dans les hautes montagnes

Cette blessure ne constitue pas un cas isolé. Une étude scientifique publiée en 2024 dans l’American Journal of Biological Anthropology a permis d’analyser en détail les squelettes exhumés dans la grotte. Sur au moins 51 individusenterrés sur le site, les chercheurs ont identifié plusieurs cas de morts violentes. Fractures, coups portés aux membres supérieurs, amputations : ces vestiges témoignent d’affrontements parfois mortels.

Ces violences se déroulaient dans un environnement déjà très rude. À plus de 1 800 mètres d’altitude, la vie exigeait entraide et adaptation permanente à un climat difficile. Pourtant, ces vestiges prouvent qu’au sein même de ces petites communautés, des conflits éclataient : querelles de voisinage, rivalités pour les ressources, ou peut-être tensions entre groupes distincts.

Les armes utilisées étaient variées : silex taillé, bois, matériaux d’origine locale. Rien n’indique l’existence de véritables guerres organisées, mais plutôt des violences sporadiques, personnelles, parfois fatales.

À venir : analyses ADN et radiologiques

La fameuse côte percée va maintenant livrer d’autres indices. Des analyses par microtomographie à rayons X, des examens chimiques et des études ADN sont prévues. Elles permettront d’en apprendre davantage sur cette victime : son sexe, son âge, sa santé, mais aussi peut-être son origine ou son alimentation. Autant d’éléments qui éclaireront la vie quotidienne de ces populations montagnardes, bien loin de l’image paisible que l’on pourrait prêter à ces hauteurs.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.