Au Zimbabwe, en Afrique australe, la Fondation Internationale de Lutte contre le Braconnage a lancé le programme Akashinga, dans lequel exclusivement des femmes sont entraînées pour protéger la faune sauvage des braconniers.
En 2010 au Zimbabwe, on décornait les rhinocéros pour lutter contre le fléau du braconnage, l’une des activités illégales les plus développées et les plus rentables au monde. Aujourd’hui, les solutions se multiplient pour combattre cette pratique qui décime les populations de la faune sauvage. C’est notamment le cas du programme Akashinga, qui signifie « Les Courageuses ».
Lancé par l’IAPF, la Fondation Internationale de Lutte contre le Braconnage, ce programme a pour but d’éduquer et d’entraîner des femmes à protéger leurs terres et les animaux qui y vivent. Pour la Fondation, il s’agit là d’une véritable alternative aux « solutions occidentalo-centrées » de la lutte contre ce fléau, souvent militaires et surtout réservées aux hommes.
Dans la communauté Akashinga, seules les femmes répondant à certains profils sont acceptées. En protégeant la faune sauvage, ces femmes revivent elles aussi. « La sélection est ouverte exclusivement aux mères célibataires sans emploi, aux épouses abandonnées, aux travailleuses du sexe, aux victimes d’abus sexuels ou physiques, aux femmes de braconniers emprisonnés, aux veuves et aux orphelines », peut-on lire sur le site internet de l’IAPF. Redonner de l’espoir et surtout du pouvoir à ces femmes, c’est aussi là tout l’intérêt du programme.
« Le braconnage a été une source de sécurité et de revenus à travers l’Afrique durant des dizaines d’années », rappelle la Fondation. Ainsi, lutter efficacement contre le braconnage passe forcément par l’accompagnement et l’éducation des populations sur ce fléau, et sur la transition nécessaire pour le combattre. En intégrant des femmes issues de zones rurales dans son programme de protection de la nature, l’IAPF prépare de manière plus saine cette reconversion, en ne laissant pas les habitants à l’écart.
Un choix aussi pensé pour l’avenir des habitants dans ces zones. « Dans les zones rurales de l’Afrique, une femme avec un salaire investit dans sa famille trois fois plus qu’un homme », explique Damien Mander, à la tête de l’IAPF. Et visiblement cela fonctionne. « Ce que je sais, c’est que ça marche, et ces femmes, sélectionnées avec soin et bien entraînées, ont la fougue nécessaire pour changer l’avenir de la conservation pour toujours », ajoute l’homme. Entraînées exactement de la même manière que les rangers de sexe masculin, ces femmes devraient être au nombre de 2 000 à l’horizon 2030 pour veiller à la protection de la faune sauvage sur le continent africain.