Une forme de vie complexe aurait-elle pu exister sur Terre, avant la nĂ´tre ?

Crédits : Wikipedia / C Eeckhout

Selon une rĂ©cente Ă©tude, une vie complexe aurait pu se dĂ©velopper avant de disparaĂ®tre sur Terre bien avant que les premiers organismes multicellulaires auxquels nous sommes aujourd’hui familiers n’apparaissent.

Sommes-nous les premiers ? Par « nous » je n’entend pas les Hommes, mais la vie telle que nous la connaissons. Il est gĂ©nĂ©ralement admis que l’Ă©volution d’une vie complexe est un fait rare qui survient une fois tous les 4,5 milliards d’annĂ©es, mais une rĂ©cente Ă©tude menĂ©e par des chercheurs de l’UniversitĂ© de Washington suggère que les conditions Ă©taient rĂ©unies il y a entre 2,4 et 2 milliards d’annĂ©es pour que des cellules complexes puissent Ă©voluer et mourir au moins une fois avant notre lignĂ©e. Des formes de vie totalement sans rapport avec tout ce que nous voyons sur Terre aujourd’hui.

Revenons un peu en arrière. Il y a 4,5 milliards d’annĂ©es la Terre se formait. Il y a 3,7 milliards d’annĂ©es, alors que la planète Ă©tait encore relativement « jeune », deux des trois royaumes de la vie que nous connaissons sur Terre firent leur apparition – les bactĂ©ries et les archĂ©es. On pense aujourd’hui que ces organismes simples, unicellulaires, ont survĂ©cu pendant des milliards d’annĂ©es jusqu’Ă  il y a environ 1,75 milliards d’annĂ©es, pĂ©riode durant laquelle le troisième royaume de la vie fit son apparition, les eucaryotes.

L’arbre gĂ©nĂ©alogique des eucaryotes englobe tous les organismes complexes de la planète, y compris les animaux (nous), les plantes, les champignons et les protistes. L’apparition des eucaryotes est encore dĂ©battue, mais la plupart des chercheurs s’accordent Ă  penser que les bactĂ©ries et les archĂ©es auraient dĂ©veloppĂ© une relation symbiotique menant Ă  une forme de vie plus complexe. Finalement, le archĂ©es sont devenus les mitochondries que nous voyons dans nos cellules aujourd’hui.

La raison pour laquelle les eucaryotes ne firent leur apparition qu’Ă  cette Ă©poque est qu’il n’y avait tout simplement pas assez d’oxygène dans notre atmosphère. Pas encore. Il aura fallu du temps – jusqu’Ă  environ il y a 1600000000 annĂ©es – pour voir se lever des niveaux d’oxygène suffisants pour Ăªtre adaptĂ©s Ă  une forme de vie complexe (grĂ¢ce aux cyanobactĂ©ries). Du moins, c’est ce que nous avons toujours pensĂ©. Les chercheurs de l’UniversitĂ© de Washington affirment en effet avoir trouvĂ© des preuves qu’il y avait assez d’oxygène dans l’atmosphère terrestre il y a entre 2,4 et 2 milliards d’annĂ©es, suggĂ©rant ainsi que les ingrĂ©dients Ă©taient prĂ©sents bien avant la première preuve fossile des eucaryotes.

« Il existe des preuves fossiles de cellules complexes qui remontent peut- Ăªtre 1,75 milliards d’ annĂ©es » explique l’astrobiologiste Roger Buick. « Mais le plus ancien fossile retrouvĂ© n’est pas nĂ©cessairement le plus ancien qui ait jamais survĂ©cu ». Il poursuit : « Cette recherche montre qu’il y avait assez d’oxygène dans l’environnement pour mettre Ă  des cellules complexes d’Ă©voluer, au point de devenir Ă©cologiquement importants, avant qu’il n’y ait des preuves fossiles. Cela ne veut pas dire que ça a Ă©tĂ© le cas – mais les conditions Ă©taient en tout cas favorables ».

Ce dernier point est très important – prĂ©cisons que personne n’a retrouvĂ© de fossiles ou d’ADN de cette vie complexe. Pour comprendre cela, les chercheurs ont analysĂ© les traces du sĂ©lĂ©nium – un Ă©lĂ©ment chimique piĂ©gĂ© dans des morceaux de schiste sĂ©dimentaire – datant d’il y a entre 2,4 et 2 milliards d’annĂ©es. Le but Ă©tant de comprendre si le sĂ©lĂ©nium avait Ă©tĂ© modifiĂ© par la prĂ©sence d’oxygène, ou oxydĂ© – une rĂ©action qui laisse une signature dans le rapport des isotopes du sĂ©lĂ©nium stockĂ©s dans les roches. Et il semblerait que les taux d’oxygène aient fait les montagnes russes.

Il y a entre 2,4 et 2 milliards d’annĂ©es, le taux d’oxygène dans l’atmosphère se serait Ă©levĂ© avant de retomber. Bien sĂ»r, cela n’aurait pas laissĂ© assez de temps pour qu’une vie complexe puisse se diversifier et prendre racine sur la planète, mais il est possible que certains organismes complexes aient pu surgir avant de mourir. La question est aujourd’hui de comprendre ce qui fut Ă  l’origine de cette hausse soudaine du niveau d’oxygène dans l’atmosphère, puis de cette baisse, tout aussi soudaine. « VoilĂ  la question Ă  un million de dollars », a dĂ©clarĂ© Eva StĂ¼eken, de l’UniversitĂ© St Andrews en Ecosse.

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