Les bombes nucléaires utilisées lors des essais au temps de la Guerre froide ont généré des poussières radioactives. Or, ces mêmes poussières sont encore présentes sur Terre plusieurs décennies après. Cependant, les chercheurs d’une étude internationale ont souligné une absence de risques pour la santé humaine et une responsabilité partagée principalement entre deux pays en particulier.
La France, possible responsable ?
En Europe occidentale, l’air ambiant fait l’objet d’une contamination radioactive qui provient des poussières du désert du Sahara. Cette conclusion est celle d’une étude publiée dans la revue Science Advances le 31 janvier 2025 par des chercheurs français, espagnols et japonais sous la direction du Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE/IPSL) de l’Université Paris-Sarclay.
Les auteurs ont analysé 53 échantillons de poussière provenant de six pays européens et ont pensé dans un premier temps incriminer la France. Pour rappel, le Sahara est l’un des plus importants vecteurs de déplacement de poussière dans les régions proches, et ce, jusqu’en Europe et en Asie. Or, les simulations et observations réalisées par les chercheurs ont identifié la source des poussières radioactives : la région de Reggane, dans le sud-ouest de l’Algérie. Or, la France y avait réalisé pas moins de dix-sept essais nucléaires entre 1960 et 1966.
Le point de départ de l’étude est un événement qui a éveillé la curiosité des chercheurs, à savoir un déplacement de poussière particulièrement intense du Sahara vers plusieurs pays d’Europe en mars 2022 (voir carte ci-après). Cela avait donné lieu à une campagne scientifique citoyenne internationale dont l’objectif était de déterminer l’origine des poussières et leurs impacts sur la qualité de l’air. Néanmoins, les chercheurs ont affirmé que les risques pour la santé humaine sont minimes, une conclusion qu’il serait éventuellement possible de contester.
Des poussières disséminées sur toute la planète
« Les signatures de radionucléides détectées dans les poussières sahariennes collectées en 2022 sont restées dans la gamme des retombées globales trouvées comme signal de fond dans les sols du monde entier, et elles différaient significativement des caractéristiques des essais nucléaires atmosphériques français menés dans le sud de l’Algérie », peut-on lire dans l’étude.
En effet, les scientifiques ont découvert que les isotopes présents dans les échantillons ne correspondaient pas à la signature des essais français. En réalité, la contamination est le résultat des très nombreux essais menés à la fois par les États-Unis et l’Union soviétique durant la Guerre froide. Les poussières radioactives qui proviennent de ces essais dans diverses régions comme le Nevada et les îles Marshall (États-Unis) ou encore le Kazakhstan et la Nouvelle-Zemble (URSS) sont encore présentes aujourd’hui et, pire, se retrouvent aujourd’hui sur toute la planète. Cependant, le rôle de la France dans ce processus général serait donc marginal.
