Pour de nombreuses personnes, monter dans une voiture électrique est une nouvelle sensation. Pour d’autres, l’expérience tourne au fiasco en raison d’un mal des transports assez sévère. Pourtant, certains de ces individus n’ont habituellement aucun problème à circuler à bord d’une voiture thermique.
Un manque d’expérience
Depuis plusieurs années, les ventes de voitures électriques ont le vent en poupe, une tendance qui ne semble pas s’essouffler. Pourtant, il s’avère que cette hausse s’accompagne d’une augmentation des plaintes concernant le mal des transports. Un peu partout, des acheteurs ne cachent pas leur déception et tentent de trouver des solutions. Mais que ce passe t-il réellement ? Interrogé par The Guardian le 21 juin 2025, un spécialiste français a tenté d’apporter des réponses. Il s’agit de William Emond, expert en mal des transports à l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard.
Pour l’intéressé, le mal des transports est plus important dans les voitures électriques, un phénomène qui s’explique par un manque d’expérience, à la fois chez les passagers et le conducteur lui-même. Cependant, il n’y a là aucune considération sur le plan psychologique puisque le problème est davantage d’ordre physiologique. En effet, les personnes sont habituées depuis longtemps aux signaux sensoriels relatifs aux voitures thermiques et donc, éprouvent des difficultés à s’adapter aux voitures électriques.
Selon William Emond, le silence est la principale raison de ce phénomène. Dans les voitures thermiques, le bruit du moteur permet de se rendre compte d’une accélération à venir ou encore, d’un changement de vitesse. Cette information permet donc aux personnes de se préparer aux mouvements du véhicule. Dans les voitures électriques, le cerveau ne reçoit pas ce genre de signal et ainsi, ne peut anticiper aucun mouvement.

Un nouvel environnement de mouvement auquel il faut s’adapter
En 2020, une étude de l’Université libre d’Amsterdam (Pays-Bas) publiée dans la revue Applied Ergonomics établissait déjà un lien entre le silence du moteur électrique et l’amplification du mal des transports. D’autres détails jouent aussi un rôle non néglieable, notamment les vibrations des sièges, selon une étude chinoise publiée dans Sage Journals en 2024. Citons également d’autres caractéristiques aggravant la situation, à savoir l’accélération immédiate et le freinage le régénératif caractérisant les voitures électriques.
« Lorsque les forces de mouvement estimées ou anticipées par le cerveau diffèrent de ce qui est réellement vécu, le cerveau interprète cette ‘discordance neurale’ comme une situation de conflit. Si ce conflit persiste dans le temps, il peut dépasser un seuil déclenchant des réactions autonomes du corps. », a expliqué William Emond.
Il semble toutefois que cette amplification du mal des transports ne soit pas définitive. En effet, en cas de nouvel environnement de mouvement, le cerveau a besoin d’un certain temps pour s’adapter. Or, ceci n’est pas un hasard en ce qui concerne les voitures électriques puisqu’il n’existe aucune connaissance antérieure dans ce contexte. Par ailleurs, les conducteurs s’adaptent logiquement plus vite que les passagers, du fait de leur position active et leur contrôle du véhicule.
