L’Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO) tentera d’alunir ce mercredi 23 août dans le cadre de sa mission Chandrayaan-3. En cas de succès, l’Inde sera non seulement le quatrième pays à réussir à se poser en douceur sur la Lune, mais aussi le premier à atterrir au pôle sud lunaire qui est une région d’un grand intérêt.
Un terrain hostile
En avril dernier, l’entreprise japonaise Ispace avait perdu le contact avec son petit atterrisseur lunaire quelques secondes avant qu’il ne touche le sol. Trois ans auparavant, Beresheet, un atterrisseur développé par la société israélienne SpaceIL, s’était lui aussi écrasé sur la Lune, tout comme l’atterrisseur indien Vikram quelques mois plus tard dans le cadre de la mission Chandrayaan-2. Le fait est qu’il est très compliqué de se poser en douceur sur la surface lunaire, et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, la gravité lunaire est beaucoup plus faible que celle de la Terre, ce qui rend le contrôle et l’atterrissage plus difficiles. De plus, la Lune n’a pas d’atmosphère significative permettant de ralentir la descente. Enfin, le terrain lunaire particulièrement accidenté n’arrange pas les choses.
Concrètement, la seule façon d’atteindre la surface sans s’écraser est d’effectuer une descente contrôlée au cours de laquelle des rétrofusées permettent de freiner la descente de l’engin concerné. Ces dernières doivent également s’arrêter à un moment bien précis pour éviter que l’atterrisseur ne rebondisse sur la surface lunaire.
La difficulté est telle que, jusqu’à présent, seuls trois pays ont réussi à surmonter ces défis : les États-Unis, l’Union soviétique et la Chine.

L’Inde pourrait marquer l’histoire
L’Inde va donc effectuer sa deuxième tentative. Jusqu’à présent, le voyage de Chandrayaan-3 s’est déroulé sans accroc. « L’enthousiasme suscité par cette mission est définitivement palpable dans les médias d’information indiens, dans les discussions WhatsApp et même dans les conversations quotidiennes« , assure Pratik Gandhi, astronome à l’Université de Californie à Davis.
Quelques minutes avant son atterrissage, l’engin devra entrer en état de vol stationnaire à environ un kilomètre au-dessus de la surface lunaire. Il lui faudra ensuite évaluer en quelques secondes s’il se trouve bien au-dessus de la région d’atterrissage souhaitée et donc procéder ou non à l’atterrissage en conséquence. Si tel est le cas, l’atterrisseur devra alors freiner au point d’atteindre une vitesse d’un peu plus de 6 km/h. À savoir que sur la Lune, un simple écart de quelques dixièmes de km/h peut compromettre l’issue de cette manœuvre.
En cas de succès, la mission Chandrayaan-3 sera donc la première à atteindre le pôle sud lunaire, que l’on pense être chargé en glace d’eau. Cette matière première sera une ressource cruciale pour l’exploration spatiale à long terme, non seulement pour abreuver les astronautes, mais aussi pour l’arrosage des cultures et pour son utilisation en tant que carburant pour les fusées. Rappelons que ces terres du sud sont une cible clé pour les futurs missions du programme Artemis de la NASA, mais également pour le programme lunaire chinois.
Sur place, l’atterrisseur et son petit rover effectueront des analyses de la composition des roches et du sol, fournissant ainsi aux scientifiques des informations cruciales sur cette région de la Lune encore jamais exploré in situ.
Vous pouvez suivre l’évolution de cette tentative d’alunissage sur la chaîne Youtube de l’agence spatiale indienne.
