Nouvel échec d’alunissage : pourquoi est-il si dur de se poser sur la Lune ?

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Représentation d'artiste de l'atterrisseur HAKUTO-R sur la surface de la Lune. Crédits : ispace

L’entreprise japonaise ispace a perdu le contact avec son petit atterrisseur lunaire quelques secondes avant que ce dernier ne touche le sol. L’analyse des données du véhicule suggère qu’il a manqué de propulseur lors de son approche finale pour décélérer suffisamment. En conséquence, le véhicule s’est probablement écrasé sur la surface lunaire. Ce n’est pas le premier échec du genre. Pourquoi est-il aussi difficile de se poser sur la Lune ?

Ce n’est pas passé loin

L’atterrisseur japonais Hakuto-R devait tenter d’atterrir sur la surface lunaire ce mardi à 18h40, heure de Paris. En cas de succès, ispace pouvait alors marquer l’histoire en étant la première entreprise privée à réussir cet exploit. Après avoir allumé son moteur principal, l’atterrisseur s’est extrait comme prévu de l’orbite lunaire. Environ une heure plus tard, il devait ensuite se poser dans le cratère Atlas, dans le quadrant nord-est de la face proche de la Lune.

Malheureusement, les équipes au sol ont rapidement perdu le contact. Sur le flux vidéo en direct diffusé par la société, un voile de silence a rapidement enveloppé la salle de contrôle à Tokyo où les ingénieurs d’Ispace observaient leurs écrans avec inquiétude, laissant imaginer le pire.

Dans un communiqué publié ce mercredi matin au Japon, la société rapporte que l’atterrisseur a manqué de propulseur. Sans rétrofusées, la vitesse de descente a rapidement augmenté et les communications avec le vaisseau ont été perdues. Il est donc probable que l’atterrisseur Hakuto-R ait effectué un atterrissage brutal sur la surface de la Lune. Une enquête devra maintenant déterminer pourquoi le vaisseau a mal évalué son altitude.

Dans une interview, Takeshi Hakamada, le directeur général d’Ispace, s’est néanmoins dit « très, très fier » du résultat. Avec les données obtenues à partir du vaisseau spatial, la société sera selon lui en mesure d’appliquer les « leçons apprises » à ses deux prochaines missions. Si tout se passe comme prévu, ces dernières pourraient avoir lieu en 2024 et 2025. Rappelons que l’objectif d’ispace est de proposer des services de transport Terre-Lune, notamment pour le compte de la NASA qui vise à s’établir durablement sur le sol lunaire.

Deux nations (le Japon et les Émirats arabes unis) ont également perdu des charges utiles à bord de l’atterrisseur. La JAXA, l’agence spatiale japonaise, voulait en effet tester un robot lunaire transformable à deux roues. Le centre spatial Mohammed Bin Rashid de Dubaï devait quant à lui libérer un petit rover nommé Rashid.

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M. Hakamada, le directeur général d’ispace, annonce à ses équipes que les communications ont été perdues. Crédits : ispace

Pourquoi est-il si difficile de se poser sur la Lune ?

Ce n’est pas le premier échec du genre. Beresheet, un atterrisseur développé par la société israélienne SpaceIL, s’était lui aussi écrasé sur la Lune en avril 2019. Huit mois plus tard, l’atterrisseur indien Vikram avait subi le même sort. Le fait est qu’il est très compliqué de se poser sur la surface lunaire, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, la gravité lunaire est beaucoup plus faible que celle de la Terre, ce qui rend le contrôle et l’atterrissage plus délicats. Les vaisseaux spatiaux doivent donc être conçus pour fonctionner efficacement dans cet environnement. En outre, la Lune n’a pas d’atmosphère significative. Autrement dit, il n’y a pas de « coussin d’air » permettant de ralentir la descente. Pour opérer, les vaisseaux doivent donc utiliser des rétrofusées ou d’autres méthodes.

Le terrain lunaire est également irrégulier et accidenté, avec de nombreux cratères, des montagnes et des vallées, ce qui peut rendre difficile la recherche d’un site d’atterrissage sûr et stable. Enfin, les communications entre la Lune et la Terre peuvent être perturbées par les conditions atmosphériques terrestres, les perturbations solaires et d’autres facteurs. Cela peut rendre difficile la transmission des données nécessaires pour guider l’atterrissage « en temps réel » (avec quelques secondes de latence tout de même).

Jusqu’à présent, toutes ces difficultés n’ont été surmontées avec succès que par les États-Unis et l’Union soviétique il y a environ cinquante ans, et par la Chine plus récemment.