Dans un contexte environnemental actuel se caractérisant en partie par une pollution importante des océans au plastique, toute aide de la nature est évidemment bonne à prendre. Il est ici question d’une plante à fleur aquatique très particulière, dont l’aide à la lutte contre la pollution plastique ne serait pas négligeable.
900 millions de fragments de plastique par an
Les sources de pollution des mers et océans sont variées mais celle revenant le plus souvent dans les médias est sans doute le plastique. Selon une publication du Ministère de la transition écologique datant de 2017, la quantité de plastique serait comprise entre 75 à 199 millions de tonnes, soit environ 85% des déchets marins. Citons également la présence de près de 25 000 milliards de particules microplastiques, flottant à la surface de l’eau. Cependant, ces chiffres sont sans doute aujourd’hui encore plus imposants.
En 2021, le GRC Geociències Marines de l’Université de Barcelone (Espagne) a piloté une étude publiée dans la revue Scientific Reports. La chercheuse Anna Sanchez-Vidal et son équipe ont travaillé sur la Posidonie de Méditerranée (Posidonia oceanica), une espèce de plantes à fleurs aquatiques qui n’est autre que le principal écosystème de la mer Méditerranée. Cette herbe marine s’échoue parfois par centaines sur les plages sous forme de boules (ou pelotes) de matière organique : les égagropiles. Selon les chercheurs, ces boules seraient capables de capturer pas moins de 900 millions de fragments de plastique chaque année.
La plante en question retient les débris plastiques à l’aide de ses fibres naturelles, avant que ces dernières se détachent et remontent à la surface, avant de s’échouer sur le littoral. Pour les auteurs de l’étude, ceci est la preuve que les fonds marins peu profonds – entre 1 et 30 mètres de profondeur – peuvent représenter une sorte de « puits final » pour les déchets plastiques provenant des activités humaines.

Crédits : Yoruno / Wikipedia
Piéger des microplastiques mais pas seulement
Dans le cadre de ces travaux, les scientifiques ont analysé des égagropiles collectées près de Majorque, dans les Baléares. Selon les résultats, seulement 17% des boules contenaient des microplastiques. Néanmoins, ces dernières en renfermaient des quantité importantes. De plus, plus les boules étaient compactes, plus celles-ci étaient capables de piéger des microplastiques. L’étude a permis de découvrir que les pelotes en question pouvaient piéger jusqu’à près de 1 500 éléments plastiques par kilogramme de matière végétale.
Interrogée par la BBC le 2 septembre 2025, Anna Sanchez-Vidal a déclaré avoir reçu des clichés de pelotes géantes contenant parfois des déchets plus volumineux et contenant beaucoup de cellulose, tels que des tampons, des serviettes hygiéniques et autres lingettes. L’intéressée a également évoqué une signification symbolique du phénomène : les boules seraient une manière pour la mer de restituer les déchets plastiques aux humains.
Enfin, il est important de souligner que la Posidonie de Méditerranée stocke du carbone, produit de l’oxygène par photosynthèse et joue le rôle de « nurserie » et « cantine » pour la faune marine. En 2024, a été évoquée la possibilité de replanter cette herbe afin d’absorber davantage de gaz à effet de serre. De plus, la plante est une sorte d’ingénieur des fonds marins, capable de stabiliser les sédiments et de protéger les côtes de l’érosion. Également, elle serait une alternative intéressante pour la fabrication de matériaux d’isolation ignifuges et écologiques, comme l’indiquait une publication de la Commission Européenne en 2016.
