ours géant à face courte
Crédits : xtrekx/istock

Plus de 3 mètres de haut : Il y a 2 millions d’années, cet ours géant était le roi incontesté de l’Amérique du Nord !

Il y a deux millions d’années, l’Amérique du Nord abritait un monstre qui faisait paraître nos ours polaires actuels comme de simples oursons. L’ours géant à face courte, Arctodus simus de son nom scientifique, régnait sans partage sur un continent encore vierge de présence humaine. Cette créature extraordinaire détient un record qui donne le vertige : celui du plus grand mammifère carnivore ayant jamais foulé le sol nord-américain.

Un géant parmi les géants

Imaginez un ours capable de vous regarder dans les yeux en se tenant simplement debout. Avec ses 3,3 mètres de hauteur sur ses pattes arrière, l’Arctodus simus dépassait largement les dimensions de tous les ours actuels. Pour saisir cette démesure, il faut savoir qu’un ours Kodiak ou un ours polaire, pourtant considérés comme les géants de leur espèce, culminent « seulement » à 3 mètres dans la même position.

Mais la taille n’était qu’un aspect de sa supériorité physique. Cet ours préhistorique affichait un poids pouvant atteindre 1000 kilogrammes, soit près de 70% de plus qu’un ours polaire mâle adulte moderne. Une masse corporelle qui en faisait un véritable titan des temps pleistocènes.

Une machine de course surprenante

Paradoxalement, cette montagne de muscles et d’os cachait des capacités athlétiques stupéfiantes. Contrairement à ce que pourrait laisser penser son gabarit imposant, l’ours géant à face courte pouvait sprinter à plus de 60 kilomètres par heure. Cette prouesse s’explique par une adaptation anatomique remarquable : ses orteils pointaient directement vers l’avant, contrairement aux ours contemporains dont les pattes sont tournées vers l’intérieur.

Cette configuration particulière transformait chaque foulée en un mécanisme de propulsion optimisé, permettant à cette masse considérable de se déplacer avec une agilité déconcertante. Imaginez la terreur que devait inspirer la charge de ce mastodonte lancé à pleine vitesse.

Un régime alimentaire plus nuancé qu’attendu

Malgré son titre de « plus grand carnivore », l’Arctodus simus n’était probablement pas le super-prédateur sanguinaire que son apparence suggère. Les recherches modernes révèlent un comportement alimentaire plus opportuniste, mêlant chasse, charognage et consommation végétale selon les circonstances.

Cette stratégie omnivore rappelle étrangement celle de son unique descendant actuel : l’ours à lunettes d’Amérique du Sud. Ce parent moderne, principalement herbivore, appartient à la même sous-famille des Tremarctinae et offre un contraste saisissant avec son ancêtre gigantesque.

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Un fossile de cet ours retrouvé dans les Puits de goudron de La Brea. Crédits : lora_313/Wikipédia

Le mystère de la grande extinction

L’histoire de l’ours géant à face courte s’achève brutalement il y a environ 11 000 ans, lors de la grande extinction de la mégafaune pléistocène. Sa disparition coïncide avec celle des mammouths, des loups terribles et des paresseux géants, marquant la fin d’une époque où l’Amérique du Nord ressemblait à un parc jurassique grandeur nature.

Les scientifiques débattent encore des causes exactes de cette extinction massive. L’arrivée des premiers humains sur le continent, les bouleversements climatiques de fin de période glaciaire et l’effondrement des populations d’herbivores géants ont probablement convergé pour sceller le destin de ces créatures extraordinaires.

Aujourd’hui, seuls les fossiles témoignent de l’existence de ce titan préhistorique qui dominait autrefois les paysages nord-américains.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.