Il y a 55 ans, une plante fossile à l’apparence étrange a été découverte dans l’Utah, près d’une ville fantôme, par des paléontologues. Surnommée Othniophyton elongatum (ou plante étrangère), cette découverte a d’abord intrigué les scientifiques qui pensaient que cette plante fossile pourrait être apparentée au ginseng. Cependant, des recherches récentes remettent en question cette hypothèse et ajoutent un nouveau mystère à cette plante déjà énigmatique. En effet, les nouvelles analyses ont révélé que ce végétal ne semble appartenir à aucune famille de plantes actuelle ni même éteinte, ce qui met les chercheurs face à une question fascinante : Othniophyton appartient-elle à une famille végétale totalement inconnue ?
La découverte initiale : un fossile énigmatique
Tout commence en 1969, quand des paléontologues tombent sur des feuilles fossilisées de la plante Othniophyton elongatum, dans la formation de Green River, dans l’est de l’Utah, près de l’ancienne ville de Rainbow. La région, qui abritait un vaste écosystème lacustre il y a environ 47 millions d’années, a permis une préservation exceptionnelle des fossiles. Grâce aux sédiments lacustres et aux cendres volcaniques, de nombreuses espèces, dont des poissons, des reptiles, des oiseaux et des plantes, ont été conservées dans un état remarquable.
Les premières découvertes de cette plante se limitent à des feuilles fossilisées et en se basant sur la structure des nervures des feuilles, les paléontologues de l’époque ont émis l’hypothèse qu’Othniophyton pourrait être apparentée au ginseng. Cette idée était plausible, car la forme des feuilles semblait en effet similaire à celles des plantes de la famille du ginseng, connue pour ses propriétés médicinales. Pourtant, cette hypothèse restait incomplète, car l’analyse ne prenait pas en compte les autres aspects de la plante, comme ses fleurs et fruits.
Une réévaluation moderne et des indices qui changent tout
En 2021, Steven Manchester, conservateur de paléobotanique au Musée d’histoire naturelle de Floride, fait une découverte marquante. Lors d’une visite à l’Université de Californie à Berkeley, il trouve un fossile végétal bien conservé qui provient de la même région que les spécimens initialement découverts. L’examen plus approfondi de ce fossile, qui comprend des fleurs et des fruits, permet aux chercheurs de revoir complètement leur compréhension de la plante.
Cette nouvelle analyse révèle que ses caractéristiques ne correspondent pas à celles du ginseng, mais présentent plutôt des particularités inattendues. En effet, les fleurs, les fruits et les feuilles fossiles semblent très différents de tout ce que l’on connaît chez les plantes actuelles ou anciennes.
De même, les fossiles montrent une disposition particulière des étamines, les organes reproducteurs mâles des fleurs. Ce détail a frappé les chercheurs : contrairement à la majorité des plantes qui perdent leurs étamines une fois la fécondation terminée et que les fruits commencent à se former, cette plante semble conserver ses étamines jusqu’à ce que les fruits soient mûrs et que les graines se préparent à se disperser. Ce phénomène n’a jamais été observé dans aucune espèce de plante moderne, ce qui ajoute encore au caractère étrange de cette découverte.
Après avoir comparé ces fossiles à plus de 400 familles de plantes à fleurs existantes, les chercheurs ont dû admettre qu’ils ne trouvaient aucune correspondance. Autrement dit, après plusieurs décennies de recherches, la conclusion est frappante : Othniophyton elongatum semble être une plante isolée qui ne trouve pas de place dans la classification actuelle des végétaux. Cela soulève des interrogations sur l’évolution des plantes et sur la diversité biologique qui a existé dans le passé.

Une nouvelle approche grâce aux technologies modernes
L’une des raisons pour lesquelles cette découverte a pu voir le jour est l’utilisation de technologies modernes, comme la microscopie de pointe et l’intelligence artificielle. Ces outils permettent d’observer les fossiles à un niveau de détail inimaginable auparavant. Par exemple, des micro-empreintes de petites graines en développement ont été identifiées dans les fruits fossiles, révélant ainsi des informations sur le cycle de reproduction de la plante. En outre, l’intelligence artificielle a permis d’examiner les spécimens avec une précision qui a permis de détecter des éléments invisibles à l’œil nu comme la présence des étamines sur les fleurs.
Ces nouvelles technologies ont été un tournant dans l’analyse des fossiles et ouvrent de nouvelles voies pour l’étude des plantes préhistoriques et des écosystèmes anciens. L’équipe de recherche du Musée d’histoire naturelle de Floride a également eu accès à des données plus précises grâce à l’intelligence artificielle qui a permis d’élargir la comparaison avec d’autres fossiles végétaux découverts dans la même région. Cette avancée technologique a donc permis de mieux comprendre les caractéristiques exceptionnelles de cette plante fossile.
