Au Japon, un spécialiste des cellules souches a effectué une avancée pouvant peut-être redonner espoir à de nombreuses personnes en situation de handicap. Le chercheur et son équipe ont testé sur un patient une injection de cellules souches, permettant à ce dernier de se tenir debout.
Une injection de deux millions de cellules souches
Selon une publication de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 1,3 milliard de personnes sont atteintes d’un handicap important. Parmi ces dernières, nombreuses se trouvent en situation de handicap moteur et sont incapables de marcher. A l’Université de Keio (Japon), le spécialiste des cellules souches Hideyuki Okano et son équipe ont permis à un patient paralysé de se tenir debout et de réapprendre à marcher. Cette prouesse a été possible grâce à une simple injection de cellules souches, avec pour objectif de « reprogrammer » sa moelle épinière.
Responsable de la transmission des informations émises sous forme de signaux par le cerveau au reste du corps, la moelle épinière est une épaisse colonne de nerfs s’étendant du tronc cérébral, jusqu’à la région lombaire de la colonne vertébrale. En cas de détérioration, celle-ci n’assure plus la communication entre le cerveau et certaines parties du corps. Malheureusement dans le pire des cas, il peut s’agir d’une paralysie totale.
Comme l’explique un article du quotidien japonnais Asahi Shimbun du 23 mars 2025, Hideyuki Okano et son équipe ont procédé à une injection de deux millions de cellules souches dites « pluripotentes induites » (ou cellules iPS). Il est ici question de cellules adultes classiques, préalablement ramenées à un état quasi embryonnaire. Or, ces cellules bénéficient alors d’un potentiel de régénération important. Dans les faits, il s’agissait de cellules prêtes à devenir des neurones. Après l’injection, celles-ci ont généré de nouveaux neurones ainsi que des cellules gliales, dont le rôle est d’assister et protéger le système nerveux.

Des résultats prometteurs à toutefois relativiser
Au total, les chercheurs ont traité non pas un patient mais quatre, entre 2021 et 2023. Or, deux de ces patients ont retrouvé une part non négligeable de leurs fonctions motrices. Par ailleurs, les responsables n’ont observé aucun effet indésirable grave durant l’année suivant l’opération. En revanche, il est important de souligner que les injections ont été pratiquées rapidement après l’accident, soit entre deux et quatre semaines. Autrement dit, la réussite du traitement pourrait avoir un fort lien avec cet important détail.
Néanmoins, ces résultats prometteurs sont peut être à relativiser, selon le neuroscientifique australien James St John. Interrogé à l’occasion de la parution d’un article dans la revue Nature le 24 mars 2025, l’intéressé a souligné la nécessité de mener de plus amples travaux. L’expert a précisé que les deux patients ayant retrouvé une partie de leurs fonctions motrices auraient peut-être pu récupérer naturellement.
Enfin, la remarque du chercheur australien est pertinente dans la mesure où les travaux de l’équipe nippone n’ont pas encore fait l’objet d’une validation par des pairs. Or, cette étape est cruciale pour la reconnaissance de toutes études et recherches de nature scientifique.
