Le panda: ce carnivore qui s’accommode du végétarisme en ne faisant rien de ses journées

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Le système digestif du panda a tout de celui d’un carnivore et pourtant cet animal se nourrit quasi exclusivement de bambou. Pour pallier au faible apport de nutriments que lui apporte sa nourriture, le panda a néanmoins trouvé une astuce qu’on lui envierait presque : réduire ses dépenses énergétiques au maximum en ne faisant… strictement rien!

« Bougez plus, mangez mieux » ; « Pour votre santé, mangez au moins 5 fruits et légumes par jour ». Autant de slogans sanitaires qu’on ne cesse d’entendre depuis un certain nombre d’années et qui ne semblent pourtant pas être parvenus aux oreilles des pandas géants, autrement connus sous le nom de Ailuropoda melanoleuca. Ces animaux, endémiques à la Chine, ont en effet adopté un rythme de vie qui est aux antipodes de ce que les organismes de santé nous préconisent. Et pour cause, en plus de manger de façon extrêmement déséquilibrée, puisque leur régime alimentaire se compose quasi exclusivement de bambous, le panda géant passe la majeure partie de ses journées à ne strictement rien faire ! Pourtant, si l’on en croit une nouvelle étude publiée dans la revue Science, c’est bien ce mode de vie au ralenti qui permet à cet animal de nature carnivore de s’adonner aux joies du végétarisme.

On savait déjà que le système digestif des pandas géants n’était pas adapté à la consommation de végétaux. Doté d’un estomac unique et d’un intestin relativement court, ces différents organes ne leur permettent pas de pouvoir assimiler correctement les végétaux. En outre, une précédente étude, publiée en mai dernier dans la revue de la Société américaine de microbiologie, avait quant à elle mis en évidence que la flore intestinale de ces animaux regorgeait de bactéries principalement retrouvées chez les carnivores et qu’elle ne permettait pas de sécréter les enzymes nécessaires à la dégradation de la cellulose. Ainsi, bien que les pandas géants se nourrissent de bambous depuis des millions d’années, ces travaux tendent à montrer que leur organisme n’a quant à lui pas évolué en conséquence.

Alors comment fait cet animal pour survivre malgré ce régime alimentaire, semble-t-il peu adapté ? Pour trouver la réponse à cette question, les scientifiques chinois, auteurs de cette nouvelle étude, ont réalisé leur recherche sur trois pandas sauvages et cinq en captivités afin de mesurer leur dépense calorifique. Alors que les chercheurs s’attendaient à observer une dépense énergétique moyenne de 13,8 mégajoules par jour (environ 1200 kilocalories), ils ont constaté que le panda consommait en réalité 2,6 fois moins, à savoir 5,2 mégajoules. En d’autres termes, la consommation énergétique d’un panda géant équivaudrait à seulement 38 % de celle d’un animal terrestre de même gabarit, estiment les chercheurs.

Selon les auteurs de l’étude, des dépenses énergétiques aussi basses pourraient s’expliquer par la combinaison de trois facteurs. Tout d’abord, le cerveau, le foie et les reins de l’animal étant beaucoup plus petits que ce qui était présupposé, ils ne nécessitent en conséquence qu’un faible apport énergétique. Par ailleurs, les pandas captifs passent entre 51 % et 67 % de leur temps à ne rien faire et, quand l’envie leur vient de se déplacer, ils le font à l’incroyable vitesse de 27 mètres… par heure ! Enfin, le taux d’hormones thyroïdiennes — responsables de la régulation de l’énergie et du poids – est particulièrement bas chez cet animal comparé au reste des mammifères. Les chercheurs estiment que ce dernier point serait causé par une mutation sur l’un des principaux gènes orchestrant la synthétisation de ces hormones.

Finalement, l’organisme du panda a donc bel et bien subi une mutation pour s’adapter à son régime alimentaire. Pour autant, celle-ci n’étant pas suffisante, il aura fallu à ce mammifère modifier également sa morphologie et ses comportements. « Une combinaison d’adaptations morphologiques, comportementales, physiologiques et génétiques, qui entraînent une dépense énergétique basse, semble permettre aux pandas de survivre à un régime composé de bambou », ont ainsi conclu les chercheurs.

Sources : ScienceLepointLefigaro