On en sait un peu plus sur le « blob », cet organisme unicellulaire capable d’apprendre

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En avril dernier, des chercheurs du CNRS nous apprenaient que le « blob », un être vivant qui n’est ni un animal, ni une plante, ni un champignon, est capable d’apprendre de ses expériences. Ces mêmes chercheurs nous en apprennent désormais davantage sur cet organisme unicellulaire.

« C’est la première fois que l’on prouve qu’un organisme unicellulaire est capable d’apprentissage », déclarait Romain Boisseau (chercheur en biologie) en avril dernier à propos du « blob » (ou Physarum polycephalum de son vrai nom), une créature qui vit dans les sous-bois des régions tempérées et présente sur Terre depuis environ 500 millions d’années avant l’Homme. « Cela prouve que l’apprentissage ne nécessite pas forcément de système nerveux (neurones, cerveau) », ajoutait Audrey Dussutour, chercheuse CNRS (Centre national de la recherche scientifique) à l’Université Toulouse III Paul Sabatier.

Ces mêmes chercheurs ont poussé un peu plus loin les recherches sur cette étrange créature en prouvant désormais qu’en plus d’être capable d’apprendre, il peut transmettre ses apprentissages à un congénère en fusionnant avec lui comme on peut le lire dans un communiqué du CNRS.

Dans les premières expériences, les chercheurs avaient appris aux blobs à passer outre des substances amères, mais inoffensives pour atteindre de la nourriture. Au départ réticents, ils avaient fini par traverser ces substances de manière bien plus rapide au terme de plusieurs jours, après avoir « compris » que ces substances étaient inoffensives.

Dans cette nouvelle expérience, les chercheurs ont appris à plus de 2 000 blobs que le sel était inoffensif – les blobs (expérimentés) devaient traverser un pont couvert de sel pour rejoindre leur nourriture. Pendant ce temps, 2 000 blobs devaient quant à eux franchir un pont vierge de toute substance (blobs « naïfs »). Au terme de cet apprentissage, les chercheurs ont formé des paires de blobs « expérimentés », des paires de blobs « naïfs » et des paires mixtes qui fusionnaient au niveau de leur zone de contact.

À leur grande surprise, lorsque les blobs fusionnés devaient traverser un pont couvert de sel, ils l’ont fait de manière aussi rapide que les blobs expérimentés, et surtout bien plus rapides que les blobs naïfs. Comme si l’apprentissage et la connaissance du caractère inoffensif du sel avaient été partagés.

L’expérience a été reconduite plusieurs fois, notamment en ayant séparé les blobs après plusieurs heures. « Seuls les blobs naïfs qui étaient restés en contact trois heures avec un blob expérimenté ignoraient le sel, les autres montrant une forte aversion », écrit le CNRS. En observant la fusion au microscope, les chercheurs ont découvert la formation d’une veine entre les blobs à l’endroit même de la fusion. Celle-ci nécessitait trois heures pour s’établir et c’est sans doute par ce biais que circule l’information.