Vous entendez des voix ? Vous ĂȘtes moins seul(e) que vous ne le pensez…

Capture du film Jeanne d'Arc - 1999

Pratiquement un dixiĂšme de la population mondiale entendrait des voix. Une Ă©tude stipule qu’il s’agit d’hallucinations auditives Ă  parfois dissocier d’une Ă©ventuelle pathologie mentale. La solution rĂ©side-t-elle uniquement dans les traitements classiques ?

Le fait d’entendre des voix peut toucher n’importe qui, mĂȘme des personnalitĂ©s importantes, la plus cĂ©lĂšbre Ă©tant Jeanne d’Arc (1412-1431). Citons Ă©galement AmĂ©lie Nothomb, Zinedine Zidane ou encore Martin Luther King. Ces exemples de personnalitĂ©s assujetties au phĂ©nomĂšne attestent de son existence, mais des Ă©tudes scientifiques indiquent que celui-ci est d’une ampleur sous-estimĂ©e.

PubliĂ© par le magazine The Atlantic le 27 juin 2017, un article du journaliste Joseph Frankel traite de cette question. L’intĂ©ressĂ© explique que dans les annĂ©es 1970, n’importe quel patient dĂ©clarant entendre des voix Ă©tait systĂ©matiquement cataloguĂ© comme schizophrĂšne et hospitalisĂ© en consĂ©quence.

NĂ©anmoins, la recherche ayant Ă©voluĂ© sur le sujet quelques annĂ©es plus tard, des traitements adaptĂ©s ont Ă©tĂ© mis en place pour pratiquement chaque pathologie. Il s’avĂšre Ă©galement qu’un grand nombre de personnes entendant des voix le vivent trĂšs bien au quotidien, c’est pourquoi la mĂ©diatisation autour de ce phĂ©nomĂšne est finalement assez importante.

Un duo composĂ© d’un psychiatre et d’un psychologue ont rĂ©uni deux groupes composĂ©s de malades d’un cĂŽtĂ© et de personnes cohabitant avec leurs voix intĂ©rieures au quotidien de l’autre. Le but Ă©tait de mieux comprendre les Ă©motions des personnes qui ne ressentent pas de souffrance lorsque leurs voix se manifestent. Il s’agit d’apporter des diagnostics plus pertinents et prĂ©cis, car la schizophrĂ©nie est une notion trop gĂ©nĂ©rale dans beaucoup de cas puisque les symptĂŽmes peuvent varier.

AmĂ©liorer le diagnostic n’est pas la seule volontĂ© des deux chercheurs puisque ces derniers tentent Ă©galement d’élaborer de meilleurs traitements. Les scientifiques ont lorgnĂ© du cĂŽtĂ© des groupes de soutien qui se sont crĂ©Ă©s il y a quelque temps aux États-Unis, ainsi qu’en France. Les chercheurs ont tentĂ© de comprendre si l’environnement social ainsi que les rĂ©actions de l’entourage concernant ceux qui entendent des voix engendrent chez ces derniĂšres le dĂ©veloppement d’une pathologie.

« Les maladies mentales et la schizophrĂ©nie sont de vraies maladies qui doivent donner lieu Ă  un traitement. Mais la maniĂšre dont une culture interprĂšte les symptĂŽmes peut affecter le diagnostic », explique l’anthropologue Tanya Luhrmann.

En anthropologie et en psychologie, certains scientifiques estiment que la perception d’un tel phĂ©nomĂšne dĂ©pend de la culture, de l’histoire et de la religion en vigueur dans un pays. Il faut savoir que suivant les pays et mĂȘme les Ă©poques, le fait d’entendre des voix n’a pas toujours Ă©tĂ© liĂ© Ă  une maladie mentale.

L’étude en question montre nĂ©anmoins que les personnes entendant des voix et s’en accommodant parfaitement au quotidien auraient vraisemblablement Ă©tĂ© davantage tolĂ©rĂ©es par leur entourage. Le fait d’en parler rĂ©guliĂšrement avec d’autres personnes se trouvant dans un cas similaire permet Ă©galement de mieux l’accepter.

Cependant, de nombreuses personnes adoptent une dĂ©marche risquĂ©e : celle de remplacer les traitements classiques par des sĂ©ances en groupe de soutien. En rĂ©alitĂ©, cela peut ĂȘtre trĂšs dangereux pour les personnes souffrant rĂ©ellement d’une maladie mentale. Ainsi, les patients devraient mĂ©langer les deux solutions afin de bĂ©nĂ©ficier d’un traitement qui pourrait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme complet. Pour Tanya Luhrmann, « les comportements inhabituels comme ceux-lĂ  ne devraient entrer dans le royaume du diagnostic mĂ©dical uniquement s’ils font souffrir les gens » et il faut « apprendre de ceux qui arrivent Ă  contrĂŽler leurs voix pour enseigner leur technique Ă  ceux qui en souffrent ».

Sources : The Atlantic – Slate