Un énorme œuf d’émeu nain éteint découvert dans une dune de sable

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Crédits : Julian P. Hume

Les restes d’un œuf quasi complet d’émeu nain – un oiseau ayant disparu il y a environ 200 ans – ont été déterrés dans une dune de sable sur une île entre l’Australie et la Tasmanie. De manière étonnante, et malgré son « petit » gabarit, l’œuf de cet oiseau faisait presque la taille d’un œuf d’émeu ordinaire.

La découverte est unique estime Julian Hume, paléontologue au National History Museum de Londres. Et pour cause, il s’agit du seul œuf presque complet connu de Dromaius novaehollandiae minor découvert sur King Island. Cet émeu nain, qui faisait à peu près la moitié de la taille de l’émeu du continent australien (Dromaius novaehollandiae), le seul émeu encore survivant, aurait disparu il y a environ 200 ans.

Un œuf étonnamment gros

Les îles au large du sud de l’Australie abritaient jadis trois sous-espèces d’émeus : le plus petit émeu de Tasmanie (D. n. Diemenensis) et deux émeus nains, l’émeu de King Island et l’émeu de l’île Kangourou (D. n. Baudinianus). Au cours de la dernière période glaciaire, toutes ces îles étaient reliées au continent australien. La fonte des glaces, opérée il y a environ 11 500 ans, s’est ensuite chargée de les isoler en augmentant le niveau de la mer. Dès lors, ces émeus ont rapidement rétréci pour s’adapter aux ressources disponibles (nanisme insulaire).

Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont comparé les dimensions de l’œuf avec celles de trente-six œufs d’émeus du continent australien, de six émeus de Tasmanie et d’un spécimen de l’île Kangourou. Des fémurs de chaque espèce ont également été analysés.

Il est alors effectivement ressorti que, malgré les différences de taille entre espèces, celle de leurs œufs était remarquablement similaire. L’œuf d’un émeu du continent pesait en moyenne 0,59 kilogramme pour un volume d’environ 539 millilitres, tandis que l’œuf d’émeu nain de King Island pesait 0,54 kg pour un volume de 465 millilitres.

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L’émeu nain était 44 % plus petit que l’émeu du continent, mais leurs œufs avaient quasiment la même taille. Crédits : Julian P. Hume

Des petits prêts à se débrouiller seuls

Pour expliquer ces mensurations, Julian Hume suggère que poussins de cette sous-espèce devaient être assez gros pour maintenir une chaleur corporelle suffisante et être assez forts pour chercher immédiatement de la nourriture après l’éclosion. On observe aujourd’hui le même phénomène évolutif avec le kiwi, un oiseau endémique de Nouvelle-Zélande qui pond des œufs aussi gros que son corps (jusqu’à 25 % du corps de la mère).

De cette manière, les petits émeus nains de King Island bénéficiaient peut-être de meilleures chances de survie contre les prédateurs. À l’époque, ils devaient surtout composer avec le Dasyurus, un petit marsupial carnivore. Finalement, l’espèce s’est éteinte cinq ans seulement après l’arrivée des humains sur l’île.