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Encelade (premier plan) dérive devant les anneaux de Saturne tandis que Titan se profile derrière. Crédits : NASA / JPL-Caltech / Space Science Institute

S’il y a de la vie sur Encelade, nous pourrions la détecter

Encelade, la lune de Saturne, éjecte de l’eau souterraine susceptible de contenir des traces de vie dans l’espace depuis son pôle sud. Une nouvelle étude suggère qu’une mission dédiée devrait traverser ces panaches avec prudence, en maintenant une certaine vitesse, pour capturer et analyser des acides aminés sans les briser.

Petite lune, gros potentiel

Encelade, une petite boule de glace de 500 km de diamètre seulement, se distingue par ses panaches spectaculaires qui éjectent de l’eau dans l’espace depuis des jets situés à son pôle sud. Les observations de ces panaches suggèrent non seulement la présence d’un océan subsurface, mais laissent également entrevoir la possibilité que cette eau soit en contact avec le noyau rocheux de la lune. Les chercheurs ont également émis l’hypothèse qu’il pourrait exister des cheminées hydrothermales au fond de l’océan.

Pour rappel, les cheminées hydrothermales sont des ouvertures dans la croûte océanique qui libèrent des fluides riches en minéraux et en chaleur. Sur Terre, ces structures soutiennent des écosystèmes uniques en abritant des formes de vie adaptées aux environnements extrêmes. Ainsi, la possibilité de la présence de cheminées hydrothermales sur Encelade suscite un intérêt particulier, car de tels environnements pourraient offrir des conditions propices à la vie microbienne et des missions d’exploration spatiale dédiées à sa détection.

Les scientifiques envisagent donc d’envoyer des vaisseaux spatiaux à travers ces panaches pour analyser leur composition et y rechercher des molécules organiques. Cependant, leur étude requiert une approche précautionneuse.

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Illustration de la sonde Cassini au-dessus des jets de glace, de vapeur d’eau et de composés organiques jaillissent du pôle sud de la lune Encelade. Crédits : NASA / JPL-Caltech / Space Science Institute

Avancer avec prudence

Dans le cadre de nouveaux travaux, des chercheurs ont travaillé en laboratoire pour étudier la résilience des acides aminés, les éléments constitutifs des molécules organiques, dans des conditions simulant les geysers d’Encelade. Pour ce faire, les scientifiques ont utilisé une méthode impliquant une aiguille à haute tension. En poussant de l’eau à travers cette aiguille sous haute tension, la charge électrique a fragmenté l’eau en minuscules gouttelettes. Chaque gouttelette s’est ensuite cristallisée en un grain de glace lorsqu’elle a pénétré dans le vide. Ce processus a permis de créer des particules de glace, reproduisant ainsi les caractéristiques des panaches observés sur la lune.

Cela a permis de découvrir que les acides aminés pouvaient survivre à des vitesses d’impact allant jusqu’à 15 128 kilomètres par heure, suggérant qu’ils pourraient être collectés par une sonde spatiale sans être détruits. Les chercheurs estiment qu’une sonde envoyée sur place devrait maintenir une vitesse inférieure à 4,2 km/s pour préserver l’intégrité des acides aminés, si tant est qu’il y en ait dans les gouttelettes d’eau projetées en surface. En effet, en volant plus rapidement, les acides se briseraient, rendant difficile la détection précise de ces composés. À la bonne vitesse, l’utilisation d’un spectromètre d’impact d’aérosol spécialisé permettrait alors de capturer ces acides aminés sans les endommager.

Rappelons que pour l’heure, aucune mission dédiée n’est encore prévue officiellement sur Encelade. Cependant, les résultats de ces travaux pourraient motiver son développement. Cette découverte pourrait également avoir des implications pour la recherche de signes de vie sur d’autres lunes aquifères, telles qu’Europe, autour de Jupiter.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.