L’ocĂ©an d’Encelade pourrait nourrir une vie extraterrestre

geyser encelade
Illustration artistique : Geysers sur Encelade

Une rĂ©cente Ă©tude suggère qu’il y aurait assez de nourriture dans l’ocĂ©an d’Encelade pour soutenir une vie extraterrestre microbienne. 

Nous savons grâce Ă  la sonde Cassini que des jets de vapeur Ă©manent des profondeurs d’Encelade. Il pourrait donc y avoir un ocĂ©an global sous la surface glacĂ©e de la lune de Saturne. Un ocĂ©an chauffĂ© par une activitĂ© hydrothermale situĂ©e près de la limite noyau-manteau. Se pose alors la question de la vie. ForcĂ©ment, puisque des micro-organismes Ă©voluent dans des environnements analogues sur Terre. Ce que nous apprend cette nouvelle Ă©tude, c’est que les conditions rĂ©gnant sous la surface d’Encelade semblent encore plus similaires que prĂ©vu. Les dĂ©tails de ces travaux seront prĂ©sentĂ©s Ă  la prochaine ConfĂ©rence sur la science astrobiologique 2019.

Des nutriments sous-estimés

Il est ici question du pH de l’ocĂ©an de cette lune. Lorsque Cassini a analysĂ© les Ă©chantillons prĂ©levĂ©s lors de ses passages Ă  travers les panaches d’Encelade, les chercheurs ont reconnu un pH plus Ă©levĂ© que sur Terre. Or – et comme le soulignent Ă  juste titre des chercheurs du DĂ©partement des Sciences de la Terre et de l’Espace (ESS) de l’UniversitĂ© de Washington – ces Ă©chantillons ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s dans les panaches, et non dans l’ocĂ©an lui-mĂŞme. Et ce qu’il faut savoir, c’est que le processus d’Ă©ruption peut modifier la composition de ces panaches (fractionnement).

Ainsi, lorsque nous analysons la composition des panaches d’Encelade captĂ©s par Cassini, nous n’avons pas une lecture rĂ©elle de la composition intĂ©rieure de la lune. Pour pallier Ă  ce problème, les chercheurs se sont une nouvelle fois tournĂ©s vers les simulations informatiques. En prenant en compte les effets du fractionnement, ils se sont alors rendus compte que nous avions en rĂ©alitĂ© sous-estimĂ© la prĂ©sence d’hydrogène, de mĂ©thane et de dioxyde de carbone dans cet ocĂ©an extraterrestre.

Encelade
Illustration de la composition intĂ©rieure d’Encelade. CrĂ©dits : NASA/JPL

Une bonne nouvelle pour la vie

Les chercheurs prĂ©cisent en effet que des niveaux Ă©levĂ©s de dioxyde de carbone sont une indication possible d’un niveau de pH plus bas. Et de ce fait, plus semblable Ă  celui observĂ© dans les ocĂ©ans terrestres. Ils notent Ă©galement qu’il est possible que d’autres substances, telles que l’ammoniac, puissent exister Ă  des concentrations Ă©levĂ©es, constituant une source potentielle de combustible pour la vie.

«Il vaut mieux trouver de fortes concentrations de gaz que pas du tout, explique Lucas Fifer, principal auteur de l’Ă©tude. Il semble en effet peu probable que la vie Ă©volue si ces gaz ne sont pas abondants dans l’ocĂ©an… Bien qu’il existe des exceptions, la plupart des activitĂ©s sur Terre fonctionnent de manière optimale en vivant ou en consommant de l’eau avec un pH presque neutre. Des conditions similaires sur Encelade pourraient donc ĂŞtre encourageantes».

Encelade (premier plan) dérive devant les anneaux de Saturne tandis que Titan se profile derrière. Crédits : NASA/JPL-Caltech / Space Science Institute

L’ocĂ©an d’Encelade semble donc, a priori, contenir assez « d’essence » pour permettre Ă  une vie microbienne de prospĂ©rer. En revanche, le fait d’en estimer autant pourrait Ă©galement signifier que la vie y est inexistante. Ça, c’est pour le point de vue pessimiste. D’un point de vue optimiste, nous pourrions imaginer que des organismes existent, mais qu’ils ne sont peut-ĂŞtre pas assez abondants pour consommer toute l’Ă©nergie chimique disponible.

Le mieux serait encore de pouvoir se rendre sur place pour constater. La NASA serait d’ailleurs en train de collaborer avec l’entrepreneur milliardaire Yuri Milner pour mettre en place une mission privĂ©e sur Encelade. De rĂ©cents documents obtenus par New Scientist laissent Ă©galement Ă  penser qu’une Ă©tude de faisabilitĂ© pourrait ĂŞtre menĂ©e dès l’annĂ©e prochaine.

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