En Norvège, la fonte des glace libère une chaussure vieille de 3 000 ans

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Crédits : Vegard Vike, Musée d'histoire culturelle d'Oslo

Un rapport de l’Université norvégienne de sciences et de technologie (NTNU) détaille la découverte de milliers d’artéfacts libérés par la fonte des glaces. Parmi eux figure une chaussure de petite taille portée il y a plus de 3 000 ans.

En quelques décennies, de vastes étendues de plaques de glace norvégiennes ont commencé à fondre, exposant des artéfacts parfaitement conservés. Ces plaques se forment à haute altitude où les dépôts de neige et de glace s’accumulent et ne fondent pas complètement en été. Contrairement aux glaciers, ces structures sont immobiles, de sorte que les objets déposés à l’intérieur peuvent rester stables pendant des centaines ou des milliers d’années. L’absence de composés corrosifs favorise également leur conservation.

Au cours de ces dernières années, des armes, vêtements, textiles et autres restes de plantes et d’animaux ont ainsi émergé de la glace à la faveur du réchauffement des températures, contribuant à mettre en lumière des milliers d’années d’histoire locale. Parmi ces objets figure la plus ancienne chaussure de Norvège, portée il y a plus de 3 000 ans (1 100 av. J.-C., durant l’âge du bronze). Elle fut découverte il y a quelques années dans les montagnes du Jotunheimen, dans le sud du pays.

La chaussure est de taille 36. D’après les archéologues, elle appartenait donc soit à une femme, soit à un jeune. Elle fut découverte à côté de plusieurs flèches et d’une pelle en bois, suggérant que le site était un terrain de chasse important. Selon un rapport, les rennes sont en effet attirés par les plaques de glace montagneuses de la région pendant les mois d’été pour se soulager des piqûres d’insectes et de la chaleur. Là où les rennes sont allés, les chasseurs ont suivi, laissant derrière eux des milliers d’artéfacts.

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Il y a plus de 3 000 ans, quelqu’un a perdu une chaussure dans les montagnes de Norvège. Crédits : Vegard Vike, Musée d’histoire culturelle d’Oslo

Un trésor menacé

Lorsque la glace commence à fondre, ces objets, qui demeuraient intacts, se retrouvent subitement exposés à la lumière du jour, ce qui accélère finalement leur détérioration.

Jusqu’à présent, tous ces artéfacts étaient récupérés suffisamment rapidement pour éviter la dégradation par les éléments. Cependant, ces opérations de sauvetage deviennent de plus en plus compliquées dans la mesure où ces plaques de glace fondent de plus en plus vite. Si les scientifiques ne sont pas en mesure de récupérer ces objets peu de temps après le début de la fusion, ils courent alors le risque de les perdre.

« Une enquête basée sur des images satellites prises en 2020 montre que plus de 40% des dix plaques de glace sélectionnées avec des découvertes connues ont fondu« , souligne la coauteure du rapport Birgitte Skar. « Ces chiffres suggèrent une menace importante pour la préservation des découvertes de la glace, sans parler de la glace en tant qu’archive climatique.« 

Jusqu’à présent, les plaques norvégiennes ont été sous-étudiées en raison de leur manque d’intérêt. En réalité, ces structures ont beaucoup plus à nous offrir qu’il n’y paraît. Pour cette raison, les chercheurs proposent de lancer un programme national de surveillance en utilisant des capteurs à distance. De cette manière, ils pourraient sécuriser tous les objets qui émergeraient de la fonte.