L’histoire du peuplement de l’Amérique n’est peut-être pas celle que l’on croit

Crédits : Ao, le dernier Néandertal

Et si l’Homo sapiens n’avait pas découvert l’Amérique en traversant le détroit de Bering situé entre la Sibérie et l’Alaska ? Des experts de la question estiment que les premiers hommes ayant peuplé le continent américain sont arrivés plus tôt et par un autre endroit.

L’Éducation nationale apprend aux élèves que le peuplement de l’Amérique s’est fait autour de 13 000 avant J.-C., à la fin de la dernière ère glaciaire par le détroit de Béring, ou plus précisément à l’époque la Béringie, sorte de pont terrestre reliant l’Eurasie. Cette théorie, admise depuis les années 1930, est peut-être sur le point de s’effondrer.

Depuis les années 1980, la question de savoir si les premiers Américains sont arrivés par d’autres chemins divise la communauté scientifique. Or, ce 2 novembre 2017, un groupe d’anthropologues et d’archéologues américains a publié le résultat de ses recherches dans la revue Science et il prône une tout autre histoire du peuplement du continent américain.

« Dans un revirement intellectuel dramatique, la plupart des archéologues et universitaires pensent désormais que les premiers Américains ont suivi le pourtour de l’océan Pacifique de l’Asie du Nord à la Béringie jusqu’aux Amériques », peut-on lire dans le compte-rendu.

Les experts se sont positionnés du côté de l’hypothèse dite du « kelp highway » signifiant « autoroute de varech ». Selon cette dernière, les premiers Hommes sont arrivés en Amérique par la côte ouest il y a 17 000 ans, une arrivée rendue possible grâce à la dislocation de certains glaciers de l’Atlantique.

La théorie du détroit de Béring date de 1929 lorsque Ridgley Whiteman, un adolescent américain, trouve les restes d’un mammouth dans le Nouveau-Mexique près de la ville de Clovis. Après une analyse du site entier durant trois ans, les experts arrivent à la conclusion que l’animal avait été tué par des lances dotées de pointes taillées par l’humain. Cependant, durant les 40 années suivantes, un nombre conséquent de scientifiques ont progressivement remis en cause cette théorie.

Pour Todd J. Braje, Tom. D Dillehay, Jon Erlandson, Richard G. Klein et Torben C. Rick, penchant en faveur de l’hypothèse de la « kelp highway », la théorie de Clovis a pris du plomb dans l’aile avec la découverte, au début des années 2000, de traces humaines au Chili, dans la région de Monte Verde, dont la datation était de –  14 500 ans avant notre ère. Depuis, d’autres sites ont permis d’avancer dans cette remise en question : vestiges osseux dans le Yukon datant de 24 000 ans ou encore traces d’un village sur une île au large de la Colombie-Britannique (-  14 000 ans).

Les premiers Américains auraient alors suivi les côtes du Pacifique du nord de l’Asie vers l’Amérique il y a 17 000 ans, favorisés par une fonte partielle des glaces de l’Amérique au nord-ouest selon les scientifiques évoquant « une dispersion éventuelle d’un corridor riche en ressources aquatiques et terrestres le long de la côte du Pacifique, avec une forêt de varech et un écosystème estuarien au niveau de l’océan permettant de supprimer les barrières géographiques. »

Il reste tout de même une zone d’ombre incarnée par la question de savoir comment l’humain a pu, à cette époque, traverser une telle étendue d’eau. Évidemment, la voie par la mer est privilégiée mais les preuves manquent. Si le corps de l’Arlington Spring Man (-13 000 ans) retrouvé sur l’île de Santa Rosa (42 kilomètres de la Californie actuelle) constitue une preuve d’activité maritime ancienne, aucune découverte similaire antérieure n’a été faite. Une telle trouvaille serait alors le chainon manquant permettant à la théorie de la « kelp highway » d’être totalement acceptée.

Sources : MashableLibération