La mutation des climats à la surface des océans, une menace croissante pour la vie marine

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Crédits : PxHere.

Selon de nouveaux travaux, les climats actuellement présents à la surface des océans auront presque totalement disparu d’ici à la fin du siècle si rien n’est fait pour limiter l’ampleur du changement climatique. Les résultats paraissent dans la revue Scientific Reports ce 26 août.

La température, l’acidité ou encore le degré de saturation en aragonite à la surface des océans influencent fortement les organismes marins. En fonction de ces paramètres, on peut définir différents climats, chacun accueillant un groupe d’espèces donné.

Une mutation rapide des climats à la surface des océans

Or, avec le changement climatique, les eaux deviennent à la fois plus chaudes mais également plus acides. En effet, une partie du dioxyde de carbone (CO2) que nous rejetons dans l’atmosphère flue vers l’océan où il provoque une diminution du pH. Cette réaction chimique s’associe à une moindre saturation en aragonite, minéral essentiel à la synthétise des squelettes, coquilles et carapaces de nombreux animaux marins.

En somme, les climats océaniques mutent et à une vitesse croissante. Dans une récente étude, des chercheurs ont montré qu’au rythme actuel, jusqu’à 95 % de la surface des océans verraient disparaître les conditions climatiques récentes, caractéristiques du vingtième siècle. Dans un scénario plus optimiste où nos émissions de gaz à effet de serre culminent vers 2050 et diminuent lentement par la suite, ce chiffre tombe à 35 % environ.

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Degré de disparition des climats actuels (gauche) et d’apparition de climats inédits (droite) à la surface des océans selon un scénario d’émissions de gaz à effet de serre modéré (milieu) et intense (bas). En haut, les évolutions reconstruites entre 1800 et 2000. On remarque une relative stabilité. Crédits : Katie E. Lotterhos & al. 2021.

Un choc à encaisser pour les écosystèmes marins

« Les espèces qui sont étroitement adaptées à un climat en train de disparaitre devront s’adapter à différentes conditions », explique Katie Lotterhos, auteure principale du papier. Toutefois, il faut garder à l’esprit que la rapidité et la dimension globale des évolutions imposent des contraintes supplémentaires aux écosystèmes. Pour certaines espèces, la migration vers des latitudes plus nordiques pourrait ne pas être suffisante.

D’ici à 2100, si rien ne change, 82 % des surfaces océaniques expérimenteront un climat sans précédent dans l’histoire récente. Une valeur sensiblement supérieure à celle attendue à la surface des terres. Les résultats montrent également qu’entre 1800 et 2000, les climats océaniques ont somme toute assez peu évolué. « Ce qui est cohérent avec les preuves indiquant que les espèces marines ont jusqu’à présent été capables de suivre le déplacement des environnements via la dispersion », indique l’étude dans son résumé.

L’apparition d’eaux devenues inhospitalières pour un certain nombre d’espèces est donc pour l’essentiel un phénomène récent et amené à s’intensifier dans les décennies à venir. « Déjà, de nombreuses espèces marines ont déplacé leurs aires de répartition en réponse aux eaux plus chaudes », note Katie Lotterhos. « Sans atténuation, les climats nouveaux et en voie de disparition à la surface des océans se seront répandus dans le monde entier d’ici 2100 ».