loups parasite Toxoplasma gondii
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Les loups peuvent-ils reconnaître les voix humaines comme les chiens ?

Nous savons que les chiens peuvent reconnaître la voix de leur propriétaire très facilement, mais qu’en est-il des loups ? Une équipe de chercheurs s’est penchée sur la question. Les résultats de leurs travaux pourraient avoir des implications à la fois pour l’histoire de la domestication canine et notre compréhension plus large du monde naturel.

La capacité à discriminer différents individus (établir une différence entre des personnes ou des choses en se fondant sur des critères distinctifs) sur la base d’indices d’identité, ce qui est important pour soutenir le comportement social de nombreuses espèces animales, a principalement été étudiée dans des contextes conspécifiques. Un exemple rare de discrimination hétérospécifique individuelle se trouve chez les chiens. Ces derniers sont en effet incroyablement doués pour reconnaître la voix de leurs propriétaires.

Dans le cadre de nouveaux travaux, Holly Root-Gutteridge et son équipe de l’Université de Lincoln  ont cherché à déterminer si les loups gris, le parent sauvage le plus proche des chiens, en étaient aussi capables. Pour ce faire, ils ont mené des expériences dans cinq zoos et parcs animaliers en Espagne, impliquant un total de vingt-quatre spécimens âgés de un à treize ans.

Habituation-déshabituation

Pour son étude publiée dans la revue Animal Cognition, l’équipe s’est appuyée sur le paradigme de l’habituation-déshabituation. Il s’agit d’une méthode souvent utilisée pour étudier la perception et l’attention chez les individus, le plus souvent chez les nourrissons et les jeunes enfants. Elle repose principalement sur le principe selon lequel les réponses comportementales ou physiologiques d’un individu diminuent avec le temps lorsqu’il est exposé de manière répétée à un stimulus familier (habituation), puis se rétablissent lorsque le stimulus change (déshabituation).

Dans le détail, l’individu est d’abord exposé à un stimulus répété de manière régulière. Dans un premier temps, il présente une réponse forte à ce stimulus. Puis, au fil du temps, cette réponse diminue progressivement, suggérant que l’individu s’est finalement habitué au stimulus familier. Dans un second temps, un nouveau stimulus est présenté à l’individu. Si le nouveau stimulus diffère suffisamment du premier, on observe alors une réactivation de la réponse comportementale ou physiologique, suggérant que l’individu a détecté la différence entre les deux stimuli.

loups
Crédits : Corentin Esmieu

Une réponse claire

Pour cette étude, l’équipe a installé des haut-parleurs et a d’abord joué aux animaux la voix d’un certain nombre d’étrangers auxquels tous les loups captifs se sont habitués. Ensuite, les chercheurs ont fait entendre aux loups la voix de leur gardien. Ces derniers devaient prononcer des mots familiers en espagnol.

Résultat : les loups ont relevé la tête, dressé leurs oreilles et se sont tournés vers l’orateur uniquement s’il s’agissait de la voix de leur gardien. La durée de leur réponse était également significativement plus longue lorsqu’elle était présentée avec les voix des gardiens qu’avec les voix des étrangers, démontrant que les loups faisaient bien la distinction entre les locuteurs familiers et inconnus.

Ainsi, il semblerait que la capacité des chiens à discriminer les voix humaines était déjà probablement présente chez leur ancêtre commun. Les scientifiques vont même encore plus loin et suggèrent qu’il pourrait même s’agir d’une capacité générale des vertébrés à reconnaître des individus hétérospécifiques.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.