L’influence humaine est désormais détectée dans le cycle saisonnier !

Crédits : Science.

Un groupe de 14 chercheurs a démontré pour la première fois que les activités humaines – en particulier via les émissions de gaz à effet de serre – ont une influence détectable et très significative sur le cycle saisonnier des températures de la basse atmosphère. Ces résultats s’ajoutent à ceux publiés massivement ces dernières décennies, et qui avaient déjà observé une influence humaine substantielle sur de nombreuses autres variables climatiques.

Le système climatique est constamment soumis à des perturbations, qu’elles soient d’origine externe – comme les variations de l’activité solaire, le volcanisme ou les fluctuations de la concentration en gaz à effet de serre – ou générées en interne, comme l’alternance entre les épisodes El Niño et La Niña. Depuis plus d’un siècle, et en particulier depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les activités humaines sont devenues une perturbation dominante du système, forçant ce dernier à évoluer jusqu’à atteindre un nouvel état d’équilibre : c’est le changement climatique anthropique.

Établi depuis plusieurs décennies, le domaine de la détection et de l’attribution regroupe un ensemble de techniques ayant pour objectif de détecter des évolutions anormales de la machinerie climatique et, en cas de résultat positif, de les associer à un ou plusieurs facteurs. Cette attribution peut être réalisée compte tenu du fait que chaque forçage ou mode de variabilité interne a une signature spatio-temporelle particulière – on parle souvent d’« empreinte digitale » pour imager cette propriété. Si, grâce à ces techniques, l’effet des activités humaines avait déjà été détecté sur l’évolution de la température globale, le cycle hydrologique, la glace de mer, le contenu en chaleur de l’océan, etc., un groupe de 14 chercheurs a démontré pour la première fois que cette influence est également détectable dans le cycle saisonnier des températures de la basse atmosphère.

Les scientifiques ont analysé les températures sur toute l’épaisseur de la troposphère – de la surface jusqu’à une dizaine de kilomètres d’altitude – sur tout le globe et couvrant la période s’étendant de 1979 à 2016. En comparant la différence thermique entre le mois le plus chaud et le mois le plus froid, ils ont pu étudier la façon dont le cycle saisonnier des températures de la basse atmosphère a évolué. Les observations concordent avec ce que prévoient les modèles climatiques : le cycle saisonnier s’intensifie aux moyennes latitudes à mesure que le réchauffement global d’origine anthropique s’accentue. Dans les tropiques, celui-ci évolue peu – ces régions sont caractérisées par une faible variabilité saisonnière du point de vue thermique – et il se réduit même sensiblement au niveau des pôles.

L’accentuation du cycle saisonnier aux moyennes latitudes est liée à un réchauffement plus marqué lors de la saison estivale. Selon l’étude, ce réchauffement plus marqué l’été que l’hiver est pour partie dû à l’effet amplificateur que fournit l’assèchement des sols. Ce dernier explique également pourquoi l’amplification est plus forte dans l’hémisphère nord que dans l’hémisphère sud, majoritairement océanique. Or l’océan a une plus grande inertie thermique et fait intervenir des processus « tampons » tels que l’évaporation quasi illimitée – contrairement aux continents – ou le brassage vertical des eaux. Jusqu’à présent, aucune recherche de détection/attribution n’avait été réalisée sur le cycle saisonnier des températures troposphériques. Cette étude publiée le 20 juillet dans la revue Science vient donc compléter l’image plus globale d’un monde déjà profondément marqué par les activités humaines.

Source