Il y a peu, l’ancien Premier ministre français François Bayrou a signé un décret dont l’objectif est d’interdire complètement les produits à usage oral contenant de la nicotine. Parmi ces produits, nous retrouvons les fameux sachets de nicotine (ou snus sans tabac) ciblant les jeunes, considérés comme étant particulièrement addictifs et nocifs.
Une interdiction qui prendra effet en mars 2026
A l’origine, le snus est un petit paquet de poudre de tabac à placer au niveau de la gencive, que l’on consomme beaucoup dans des pays tels que la Norvège et la Suède. Depuis quelques temps, des snus sans tabac ont fait leur apparition – notamment en France – et rencontrent un franc succès parmi les jeunes. Il s’agit du même genre de petits sachets. Ne contenant pas de tabac, ceux-ci présentent toutefois un taux moyen de nicotine d’environ 10 milligrammes.
A partir de mars 2026, les produits à usage oral contenant de la nicotine, à l’exception des médicaments et dispositif médicaux (sevrage), seront totalement interdits. Ainsi, le temps est en théorie compté pour les « nicotine pouches » en France. La décision a été actée via la signature du Décret n° 2025-898 du 5 septembre 2025, un document disponible sur la plateforme Légifrance.
Comme l’explique le magazine 60 millions de consommateurs dans un article du 12 septembre 2025, les produits de ce type concentrent de la nicotine pure, à savoir la même substance que celle que contiennent les cigarettes classiques. Malgré l’absence de tabac, le fait est que les consommateurs doivent composer avec une forte addiction. Le reste est réel : les sachets de nicotine peuvent constituer un produit d’appel pour la consommation de tabac.

Un produit très controversé
Il faut dire que les fabricants de « pouches » ont largement ciblé la jeunesse, avec un format sexy, un marketing séduisant et parfois, des saveurs sucrées ou fruitées. Par ailleurs, la tendance actuelle est synonyme de recul du tabagisme en général, si bien que les fabricants n’hésitent pas à présenter leur produit comme étant moins nocifs. Cependant, le Comité national contre le tabac (CNCT) estime que ces produits représentent « un outil supplémentaire de recrutement pour une industrie en quête de nouveaux consommateurs ».
En ce qui concerne la santé, les effets indésirables à court terme des sachets de nicotine comprennent des nausées, des douleurs et autres irritations dans la bouche. Les effets sont en revanche méconnus sur le long terme. Par ailleurs, des centres antipoison ont déjà signalé des intoxications. Après analyse des produits, il est question de taux de nicotine ne correspondant pas à ceux formulés sur l’emballage. Citons également la présence de métaux lourds dans certains échantillons.
Aller jusqu’au bout de l’idée
Si l’interdiction est déjà actée, le délai fixé à mars 2026 semble trop long pour certains organismes comme la Ligue contre le cancer. Selon les détracteurs, la mesure devrait s’appliquer sans délai et non six mois plus tard. Par ailleurs, le CNCT insiste sur le respect de la réglementation par les fabricants, importateurs, distributeurs et autres détaillants. En effet, il est important de souligner que les cigarettes électroniques jetables (ou « puffs ») sont déjà interdites mais restent encore disponibles à la vente un peu partout. Ainsi, le CNCT réclame des inspections régulières dans les points de vente mais également, sur Internet et en cas de manquement, insister sur les sanctions à des fins dissuasives.
Enfin, le Pr Loïc Josseran, président de l’Alliance contre le tabac a évoqué un dernier point. L’intéressé a qualifié le décret de victoire, malgré un processus ralenti par le lobbying des fabricants. L’homme a également évoqué la nécessité de maintenir une certaine vigilance face à l’industrie du tabac, celle-ci toujours très novatrice en termes de stratégies pour la conquête de nouveaux clients.
