Selon une récente étude, les forêts tropicales d’Australie sont les premières au monde à ne plus pouvoir assurer leur rôle de puits de carbone. Evidemment, ce phénomène inquiétant est en étroit lien avec l’actuel dérèglement climatique. De plus, l’étude révèle que d’autres forêts tropicales pourraient subir le même sort à l’avenir.
De puits de carbone à source de carbone
Si l’on considère généralement toutes les forêts comme étant des puits de carbone, les forêts tropicales font partie des plus puissantes. En effet, ces dernières renferment 55% du stock mondial de carbone forestier aérien et représentent 40% du total mondial des puits de carbone terrestre. Certaines études affirment qu’une augmentation du CO2 dans l’atmosphère pourrait stimuler la croissance des forêts, en fournissant davantage de « carburant » favorisant la photosynthèse. Néanmoins, une récente étude menée en Australie montre que les températures extrêmes peuvent aussi avoir l’effet inverse. Les résultats de ces travaux pilotés par la Western Sydney University ont fait l’objet d’une parution dans la revue Nature le 15 octobre 2025.
Selon les chercheurs, les forêts tropicales se trouvant au nord de l’Australie rejettent désormais davantage de carbone qu’elles n’en absorbent et donc, sont aujourd’hui polluantes. Il s’agit ici d’une première mondiale en ce qui concerne ce type de forêts naturelles non perturbées. Pour les auteurs de l’étude, les résultats sont très préoccupants. Dans le cadre de leurs travaux, les ces derniers ont passé en revue des registres relatifs à la croissance des forêts tropicales dans l’état du Queensland (Australie) sur environ un demi-siècle (de 1971 à 2019). Vers l’an 2000, la décomposition des arbres morts a commencé à générer des émissions de CO2 supérieures à celles absorbées puis stockées par les troncs et les branches en croissance.
« Les analyses actuelles des données d’inventaire forestier suggèrent que la capacité de puits de carbone des forêts tropicales intactes pourrait être en déclin, ce qui laisse présager un éventuel passage futur des puits de carbone aux sources de carbone. », peut-on lire dans l’étude.

D’autres forêts tropicales pourraient suivre le même chemin
Mais quelle est la cause principale de ce phénomène ? Grâce à une modélisation, les chercheurs ont découvert que les températures extrêmes sont principalement responsables. Plus généralement, la véritable cause est le réchauffement climatique, influant à la fois sur la sécheresse et l’humidité atmosphérique. Citons également une part de responsabilité à imputer aux cyclones (ouragans), dont la fréquence et l’intensité devraient augmenter à l’avenir et ce, encore une fois en raison du réchauffement climatique.
Par ailleurs, ces résultats s’associent à ceux d’autres études menées en Amazonie, celles-ci ayant démontré que la mort progressive des arbres se corrélait à une baisse de la capacité de stockage du carbone. Pour les chercheurs australiens, les résultats ne sont pas si surprenants mais la gravité de la situation est plus précoce que prévue, alors que les effets des facteurs climatiques à l’œuvre sont également plus intenses que ce que l’on pensait.
Enfin, l’étude suggère qu’à l’avenir, d’autres forêts tropicales pourraient suivre le même chemin, bien que cette hypothèse ait besoin de davantage de données pour être étayée. Effectivement, s’il est possible que toutes les forêts tropicales soient capables de réagir de la même manière, les mécanismes et délais pourraient varier selon les régions. En attendant, le message final est clair mais se répète déjà depuis plusieurs années : agir contre le changement climatique doit être une priorité absolue.
