Les chercheurs d’une récente étude néerlandaise se sont intéressés aux éventuels impacts des éoliennes offshore sur la faune aquatique. Selon les résultats, la situation est problématique mais n’est pas aussi grave que l’on pourrait le penser.
Une technique non invasive pour les animaux
Si les installations éoliennes sur la terre ferme ne sont pas toujours appréciées, ce genre de projet semble beaucoup plus acceptable en mer. En Norvège par exemple, une start-up s’active sur une entreprise très ambitieuse : l’installation d’un « mur » de 115 turbines de 320 mètres de hauteur. Aux Pays-Bas, l’éolienne offshore a également le vent en poupe mais une récente étude locale parue dans la revue Ocean & Coastal Management tente de tempérer ce genre de projet. Selon les écologistes marins de l’Université de Wageningue (Pays-Bas), les éoliennes ancrées au fond de la mer n’ont pas grand chose de naturel pour la faune aquatique.
En mer du Nord, les chercheurs ont analysé 436 échantillons d’eau autour de quatre parcs éoliens offshore. Ceci a notamment permis d’identifier cinq espèces de requins et de raies. Il est important de souligner que cette technique originale est non invasive pour les animaux, puisqu’il n’est pas question de les capturer et de les marquer. Ainsi, les experts évitent de manipuler des espèces animales potentiellement déjà vulnérables et ce, tout en prouvant de manière solide leur passage dans ces zones de production d’énergie.

Un possible refuge pour certaines espèces
Après les résultats d’analyse, les auteurs de l’étude ont formulé une première conclusion assez positive. En effet, les Pays-Bas interdisent le chalutage de fond à l’intérieur des parcs éoliens, une mesure synonyme de réduction de la perturbation des fonds marins. Ainsi, ceci favorise le retour de certaines espèces animales fragiles. Il faut dire que les éoliennes fournissent plusieurs supports d’ancrages et des habitats nouveaux pour les animaux, contribuant ainsi à la reconstruction d’écosystèmes.
En revanche, il est important de souligner une certaine limitation relative à la détection d’ADN, à savoir seulement 8% des 436 échantillons. Ce pourcentage très bas s’expliquerait par la faible population de ces espèces en mer du Nord. Par ailleurs, indiquons également que ce type de trace génétique n’est en soi pas totalement fiable. Effectivement, leur présence ne prouve pas forcément que les requins et les raies investissent les parcs éoliens pour chasser, se reproduire et s’installer de manière durable. Autrement dit, l’éventualité que ces espèces ne font que passer n’est pas à exclure.
Une contrainte assez importante : le bruit
Selon l’étude, le bruit à l’intérieur de l’eau provenant de la densité du trafic maritime, des navires de maintenance et surtout des câbles électriques (champs électromagnétiques) peut se révéler très problématique. Ce bruit pourrait affecter la perception électrosensorielle des requins et les raies, une capacité qui leur est essentielle pour s’orienter, communiquer et localiser leurs proies. Cette contrainte pourrait malheureusement faire en sorte que ces animaux ne s’installent pas durablement au sein des parcs éoliens.
Enfin, il est important de dire que la situation de ces parcs n’est pas catastrophique. En revanche, l’étude a le mérite de tempérer un discours parfois idyllique concernant les éoliennes offshore. Si ces dernières contribuent effectivement à la production d’une énergie propre et limitent les émissions de CO2, la perturbation de la faune aquatique est un phénomène tout à fait réel. Idéalement, tout nouveau projet éolien en mer devrait préalablement faire l’objet d’une étude de terrain afin de mieux comprendre la vie qui se trouve dans les zones d’implantation.
