Des diamants d’un autre monde retrouvĂ©s sur Terre

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La microscopie électronique a révélé des diamants hexagonaux (la zone sombre près du milieu de l'image) dans les météorites trouvées en Afrique. Crédits : Alan Salek/RMIT

De mystĂ©rieux diamants hexagonaux qui ne se trouvent pas naturellement sur Terre ont Ă©tĂ© identifiĂ©s dans quatre mĂ©tĂ©orites du nord-ouest de l’Afrique. En enquĂŞtant sur leur formation, des chercheurs australiens ont dĂ©couvert que ces derniers avaient Ă©tĂ© forgĂ©s au cours d’un violent cataclysme sur une ancienne planète naine. Les dĂ©tails de l’Ă©tude sont publiĂ©s dans la revue PNAS.

De la lonsdaléite dans des météorites

Les diamants ne sont pas spĂ©cialement connus pour leur flexibilitĂ©. La dĂ©couverte de plusieurs de ces structures « pliĂ©es » Ă  l’intĂ©rieur de quatre mĂ©tĂ©orites africaines a donc rapidement intriguĂ© les chercheurs de la Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO). Ces petites roches appartenaient Ă  une classe connue sous le nom d’urĂ©ilites. Ces mĂ©tĂ©orites pierreuses, riches en carbone, contiennent souvent de minuscules diamants, mais jamais sous cette forme.

Pour en apprendre davantage, les chercheurs ont cartographiĂ© la distribution du carbone dans plusieurs Ă©chantillons. Ce faisant, ils ont trouvĂ© des preuves que ces diamants dĂ©formĂ©s Ă©taient en rĂ©alitĂ© de la lonsdalĂ©ite. Il s’agit d’une sorte de diamant hexagonal qui, comme les diamants ordinaires, est fait de carbone. La diffĂ©rence est que ses atomes sont disposĂ©s dans une structure hexagonale plutĂ´t que cubique.

Une analyse par microscopie Ă©lectronique Ă  transmission (TEM) Ă  haute rĂ©solution a ensuite confirmĂ© que ces mĂ©tĂ©orites contenaient bien de la lonsdalĂ©ite. Ces diamants Ă©taient Ă©galement les plus gros cristaux de ce type de minĂ©ral jamais trouvĂ©s (jusqu’Ă  un micromètre de long). Les prĂ©cĂ©dents Ă©chantillons recueillis dans plusieurs mĂ©tĂ©orites collectĂ©es il y a plusieurs dĂ©cennies aux États-Unis et en Inde Ă©taient en effet beaucoup plus petits, Ă  l’Ă©chelle du nanomètre.

Mais cela n’expliquait toujours pas comment ces diamants hexagonaux avaient Ă©tĂ© pliĂ©s. D’autres indices sont apparus lorsque l’Ă©quipe a remarquĂ© qu’une partie de la lonsdalĂ©ite avait Ă©tĂ© convertie en graphite et en diamant cubique. L’Ă©quipe a ensuite comparĂ© la distribution de tous ces cristaux dans dix-huit Ă©chantillons diffĂ©rents d’urĂ©ilite dans le but de reconstituer leur origine probable.

diamants lonsdaleite
Une image de microanalyseur Ă  sonde Ă©lectronique d’un fragment de mĂ©tĂ©orite. Les diffĂ©rents minĂ©raux prĂ©sents sont : Fer (rouge), magnĂ©sium (vert), silicium (bleu), lonsdaleite (jaune) et diamant (rose). CrĂ©dits : PNAS

Des reliques du système solaire

Lorsqu’ils se sont pliĂ©s pour la première fois, ces cristaux n’Ă©taient pas encore rĂ©ellement du diamant mais simplement du graphite. Cette matière se serait retrouvĂ©e dans le manteau d’une planète naine il y a environ 4,5 milliards d’annĂ©es, lorsque le système solaire Ă©tait encore en formation. Au fil du temps, les tempĂ©ratures Ă©levĂ©es et la pression des matĂ©riaux environnants auraient dĂ©formĂ© ce graphite afin de lui faire prendre la forme pliĂ©e que l’on voit aujourd’hui.

Plus tard, les chercheurs pensent que cette planète naine est entrĂ©e en collision avec un autre objet massif. L’analyse suggère que les cristaux ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s par une rĂ©action entre le graphite – qui est constituĂ© d’atomes de carbone stratifiĂ©s en feuilles – et un fluide supercritique d’hydrogène, de mĂ©thane, d’oxygène et de produits chimiques soufrĂ©s formĂ© lors de l’impact.

Pour rappel, on parle de fluide supercritique lorsqu’un fluide est chauffĂ© au-delĂ  de sa tempĂ©rature critique et lorsqu’il est comprimĂ© au-dessus de sa pression critique. « Lorsque la planète s’est effondrĂ©e, c’Ă©tait comme enlever le couvercle d’une bouteille de Coca. Cela a relâchĂ© la pression et cette chute de pression combinĂ©e Ă  des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es a conduit Ă  la libĂ©ration de ce fluide supercritique« , rĂ©sume Andy Tomkins, de l’UniversitĂ© Monash de Melbourne.

Le cataclysme aurait Ă©galement dĂ©truit la majeure partie du planĂ©toĂŻde d’origine, dispersant ses matĂ©riaux dans l’espace. Certains auraient finalement terminĂ© sur Terre.

Ce processus de formation naturelle est assez similaire Ă  celui par lequel les diamants ordinaires sont fabriquĂ©s en laboratoire. Cela suggère que quelques ajustements pourraient finalement produire de la lonsdalĂ©ite Ă  la place. En thĂ©orie, ces diamants hexagonaux devraient ĂŞtre environ 60 % plus durs que les diamants ordinaires en raison de leur structure. Cette duretĂ© supplĂ©mentaire pourrait alors avoir d’importantes applications industrielles s’ils pouvaient ĂŞtre fabriquĂ©s synthĂ©tiquement.