C’est une première mondiale qui éclaire un pan resté longtemps mystérieux de la formation des systèmes planétaires. Le télescope spatial James Webb (JWST) a capturé la toute première image directe d’une exoplanète extrêmement légère, orbitant autour d’une étoile jeune située à 110 années-lumière de la Terre. Baptisée TWA 7b, cette géante gazeuse pourrait bien réécrire les manuels d’astronomie.
Une exoplanète dix fois plus légère que les précédentes
TWA 7b n’est pas une planète comme les autres. Cette géante gazeuse, dont la masse est estimée à environ 30 % de celle de Jupiter, est la planète la plus légère jamais détectée par imagerie directe. Jusqu’à présent, les instruments astronomiques ne permettaient de « voir » que des exoplanètes massives, capables de résister à l’éblouissement de leurs étoiles hôtes.
Mais TWA 7b, bien qu’à peine plus massive que Saturne, a été photographiée grâce à la sensibilité extrême du JWST dans l’infrarouge moyen, et à un outil clé embarqué à bord : le coronographe de l’instrument MIRI (Mid-InfraRed Instrument). Ce dispositif masque la lumière aveuglante de l’étoile pour laisser apparaître des objets plus faibles en orbite, comme les planètes.
Un monde jeune, encore incandescent
TWA 7b évolue dans un système stellaire nommé TWA 7, situé dans la constellation de l’Hydre. L’étoile centrale n’a que 6 à 7 millions d’années, un âge extrêmement jeune à l’échelle cosmique. Sa planète n’a donc pas encore eu le temps de refroidir. Elle brille toujours de la chaleur résiduelle de sa formation, ce qui la rend visible dans l’infrarouge.
Autre fait remarquable : TWA 7b orbite à 52 unités astronomiques de son étoile (soit 52 fois la distance entre la Terre et le Soleil), à l’intérieur d’un anneau de débris poussiéreux et rocheux. C’est précisément sa position dans cet anneau qui intrigue les chercheurs.
La première planète « bergère » enfin observée
Depuis longtemps, les astronomes soupçonnent que certaines planètes jouent un rôle de « bergères » : elles sculptent les anneaux de débris en créant des lacunes, à la manière des lunes bergères de Saturne. Jusqu’à présent, ce rôle n’avait jamais été observé directement chez une exoplanète.
TWA 7b change la donne. La planète se trouve au cœur d’une ouverture nette dans un anneau étroit de poussière, flanquée de deux bandes vides. Ce positionnement indique fortement qu’elle a modelé son environnement, confirmant ainsi pour la première fois le rôle actif des planètes dans la structure des disques circumstellaires.
« Cela nous montre que les planètes peuvent bien creuser des trous dans les disques, comme on le supposait », explique l’astronome Anne-Marie Lagrange, directrice de recherche au CNRS et première autrice de l’étude, publiée dans Nature le 25 juin 2025. « C’est aussi une première preuve directe que des structures de type troyen peuvent exister dans des systèmes exoplanétaires. »

Une prouesse technique et scientifique
Observer une planète aussi petite, aussi éloignée, et aussi jeune est une prouesse rendue possible uniquement grâce au télescope James Webb, qui révolutionne depuis 2022 notre compréhension du cosmos. Ce type d’observation directe, extrêmement rare, permet non seulement de confirmer l’existence d’une planète, mais aussi d’analyser sa lumière, et donc potentiellement sa composition atmosphérique.
Les chercheurs prévoient d’étudier plus en détail l’atmosphère de TWA 7b, et de poursuivre leurs recherches pour détecter d’autres planètes jeunes, froides et peu massives, dans le même système ou ailleurs. Car le JWST pourrait bien ouvrir une toute nouvelle fenêtre sur les premières étapes de la formation planétaire, jusque-là largement inaccessibles.
Un pas de plus vers la compréhension des systèmes planétaires
Avec cette découverte, les astronomes font un pas décisif dans l’observation directe des jeunes systèmes stellaires. Elle apporte un éclairage précieux sur la manière dont se forment les planètes, comment elles interagissent avec leur disque de matière environnant, et comment elles façonnent leur environnement dès les premières millions d’années.
En révélant l’existence d’une planète légère, invisible jusqu’ici, dans un anneau qu’elle semble sculpter, James Webb confirme son rôle d’instrument révolutionnaire. Et laisse entrevoir la promesse de découvertes encore plus spectaculaires dans les années à venir.
