Le courant circumpolaire antarctique est le plus énergétique au monde

Visualisation du courant circumpolaire antarctique le 3 décembre 2021. Crédits : Copernicus Marine Environment Monitoring Service (CMEMS).

Une équipe de chercheurs de l’Université de Rochester (États-Unis) a montré que le courant marin circumpolaire qui ceinture l’Antarctique est le plus puissant au monde. Il s’agit de la première étude à quantifier l’énergie des courants supérieurs à mille kilomètres de diamètre au niveau mondial. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications ce 9 septembre.

Initié il y a 33 millions d’années lors de l’ouverture du passage de Drake, le courant circumpolaire antarctique contribue à isoler le continent blanc des remontées subtropicales qui sinon tempéreraient le climat polaire sud. Grâce au travail des scientifiques, on sait désormais que ce courant de neuf mille kilomètres de diamètre est également le plus énergétique au monde, en partie parce qu’il ne rencontre aucune barrière continentale au cours de son long trajet d’ouest en est.

Une meilleure prise en compte des multiples échelles constitutives de la circulation océanique

La méthode utilisée par les chercheurs est novatrice, au sens où elle permet de s’affranchir des problèmes liés à la résolution des modèles. En effet, cette dernière est habituellement équivalente à des boîtes de 500 kilomètres à 1000 kilomètres de côtés, ce qui pixélise artificiellement l’image de la circulation océanique globale et biaise d’une certaine façon les analyses visant à déterminer l’énergie contenue dans les différentes structures constitutives de cette circulation.

courant circumpolaire
Énergie (ordonnée) des circulations océaniques de différentes échelles (abscisse). On observe un pic correspondant au courant circumpolaire antarctique (ACC) et un second pic, plus modeste, à l’échelle des tourbillons de méso-échelle (mesoscales). Les différentes couleurs de courbes correspondent aux données satellitaires (AVISO – NH pour l’hémisphère nord et SH pour l’hémisphère sud) et à un modèle haute résolution (NEMO – NH pour l’hémisphère nord et SH pour l’hémisphère sud). Crédits : Benjamin A. Storer & coll. 2022.

Or, l’angle d’approche mis au point et présenté par les auteurs « permet de démêler des structures de courants océaniques de différentes tailles de manière systématique, (…) depuis les échelles les plus petites et les plus fines aux plus grandes », détaille Hussein Aluie, l’un des coauteurs de l’étude. « Ce que nous disons, c’est que nous n’avons pas besoin de boîtes, nous pouvons sortir des sentiers battus ».

Le courant circumpolaire antarctique en première place du podium

Jusqu’à présent, on pensait que le pic d’énergie cinétique, c’est-à-dire de mouvement, était contenu dans les tourbillons de méso-échelle, l’équivalent océanique des dépressions et anticyclones atmosphériques qui font la pluie et le beau temps. Or, la présente étude montre en réalité un pic d’énergie au niveau du courant circumpolaire, aussi connu sous l’appellation de Grande Dérive d’Ouest, suivi d’un second pic, nettement moins énergétique, qui correspond aux tourbillons de méso-échelle précédemment évoqués.

« Ces résultats offrent une nouvelle voie pour la compréhension de la circulation océanique multi-échelle au sein du système climatique de la Terre, y compris pour les plus grandes échelles planétaires », rapporte l’étude dans son résumé.