14 juillet
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Le 14 Juillet a aussi révolutionné la science : comment la Révolution française a refondé notre façon de mesurer le monde

Quand on pense au 14 juillet, on imagine la prise de la Bastille, la Déclaration des droits de l’homme, ou les feux d’artifice. Mais derrière les symboles politiques et les bouleversements sociaux, la Révolution française a aussi profondément transformé la science. En quelques années, elle a posé les bases d’une science moderne, rationnelle, universelle — et libre.

Retour sur un pan méconnu de l’histoire scientifique : celui où la Révolution n’a pas seulement renversé un roi, mais aussi une certaine manière de penser le monde.

Le chaos au service de l’ordre… scientifique

Au lendemain de 1789, la France est en ébullition. Les institutions s’effondrent, les repères s’effacent, les privilèges s’effondrent. Mais dans ce tumulte, les révolutionnaires ont un objectif : reconstruire une société sur des fondations solides, rationnelles et égalitaires. Et pour cela, la science devient un outil politique.

Les savants sont mobilisés pour réformer les poids et mesures, créer des écoles nationales, refonder le calendrier. C’est le moment où la science sort des salons pour devenir un pilier de l’État.

Un monde enfin mesurable : naissance du système métrique

Avant la Révolution, les unités de mesure sont un capharnaüm. Chaque province — parfois chaque ville — a ses propres longueurs, volumes, poids. Une “toise” à Toulouse n’est pas la même qu’à Rouen. Autant dire que le commerce, la justice, et même la science, sont plombés par ce désordre.

En 1790, l’Assemblée nationale charge l’Académie des sciences de créer un système de mesure universel, stable, et accessible à tous. L’idée est révolutionnaire : une unité fondée non sur le roi, ni sur la tradition, mais sur la nature elle-même.

C’est ainsi que naît le mètre, défini comme la dix-millionième partie d’un quart de méridien terrestre. Suivront le kilogramme, le litre, puis la division décimale des unités. Le système métrique est né, et avec lui, une ambition : rendre le monde mesurable et compréhensible par tous.

Le temps lui-même passe à la guillotine

Pourquoi s’arrêter aux mètres et aux kilos ? En 1793, les révolutionnaires s’en prennent aussi au temps. Fini le calendrier grégorien et ses saints, place au calendrier républicain, conçu pour effacer les traces du clergé et du passé monarchique.

Les semaines deviennent des “décades” de 10 jours, les mois portent des noms inspirés de la nature (Brumaire, Thermidor…), et chaque jour est associé à une plante, un animal ou un outil. Même les heures sont redessinées : 10 heures par jour, 100 minutes par heure.

Ce calendrier ne durera que 12 ans, mais il incarne l’obsession révolutionnaire de repenser l’univers à partir de la raison — même si la société, elle, n’était pas tout à fait prête.

14 juillet système métrique
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Des écoles pour former des citoyens… et des savants

La Révolution ne veut plus de savants de cour, mais de citoyens savants. Elle fonde des institutions destinées à diffuser les savoirs et à démocratiser la formation scientifique.

En 1794, on crée le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), pour partager les innovations techniques. La même année naît l’École polytechnique, chargée de former des ingénieurs pour l’armée, mais aussi pour l’industrie.

Les musées (comme le Muséum national d’histoire naturelle), les archives, les bibliothèques deviennent des outils d’émancipation intellectuelle, accessibles aux citoyens. Pour les révolutionnaires, la connaissance n’appartient plus aux élites, elle est un droit.

L’idéal d’une science universelle et libre

L’héritage le plus durable de cette période, c’est peut-être l’idée de science comme bien commun. Dans le sillage des Lumières, la Révolution promeut une vision de la science détachée des dogmes religieux ou de l’arbitraire royal.

Elle veut une science ouverte, laïque, fondée sur l’observation et l’expérience. C’est dans ce contexte que des figures comme Lavoisier (chimiste guillotiné en 1794) ou Laplace (astronome et ministre) marquent leur époque.

Malgré les violences et les contradictions de la période, une certitude s’impose : la science peut éclairer la société, à condition qu’elle soit libre.

Une Révolution qui résonne encore

Aujourd’hui, il nous semble naturel de mesurer une pièce en mètres, de peser un fruit en kilos, ou de faire confiance à des experts scientifiques. Mais ces évidences sont le fruit d’une refondation radicale lancée pendant la Révolution française.

Le 14 juillet célèbre un changement de régime. Mais derrière les symboles, il marque aussi une transformation profonde : celle d’un monde régi par la tradition, vers un monde où la raison, l’expérimentation et le savoir deviennent des outils de liberté.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.