L’armée américaine investit dans l’impression 3D

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Certains voient l’impression 3D comme la troisième grande révolution industrielle après l’arrivée de la machine à vapeur et le travail à la chaîne de Ford. Le président des États-Unis Barack Obama est de ceux-là, c’est pourquoi il a tenu à inaugurer en août 2012 l’Institut national de l’innovation pour la fabrication additive (NAMII) dans l’Ohio. Pour lui, c’est non seulement une technologie qui « permettra de s’assurer que les emplois industriels ne prennent pas racine dans des pays comme la Chine », mais qui permettra également de « révolutionner la manière dont nous produisons à peu près tout ». En prononçant cette phrase, certainement envisageait-il déjà une utilisation à des fins militaires…

Depuis quelques mois, l’armée américaine s’intéresse de très près à toutes les possibilités qu’offre l’impression 3D, que ce soit pour l’équipement et l’armement des soldats, pour leur alimentation ou encore pour optimiser les soins aux blessés aux quatre coins du globe.

L’équipement et l’armement imprimé en 3D ?

Si elle y parvient, l’armée américaine prendra une vraie position de force en cas de conflit, car elle n’aura plus à transporter de matériel, il sera désormais envoyé par pièce jointe (cryptée si nécessaire) puis imprimé en 3D. Pour les missiles, et plus particulièrement les ogives, l’impression 3D serait particulièrement intéressante. Financièrement d’une part, car les coûts de production seraient réduits, et en terme d’efficacité d’autre part puisque les ogives seraient construites en un seul bloc (sans perte de matière) et pourraient être adaptées en fonction des situations (impression du type de missile répondant le mieux aux besoins d’une mission en particulier). Idéalement, l’armée espère un jour imprimer les missiles dans leur intégralité (retrouvez plus d’informations à ce propos dans la revue Army Technology de Juillet/Août 2014).

Des rations pour les soldats imprimées en 3D ?

Gérer l’alimentation des soldats est très complexe puisque celle-ci doit respecter de nombreux critères : tout en restant non périssables, les rations doivent répondre à des apports énergétiques essentiels en prenant un minimum de place possible et en supportant les grandes différences de température. Vous pouvez l’imaginer sans difficulté, les rations de combat sont donc faites de produits déshydratés et de conserves et ne sont pas vraiment appétissantes… ce qui joue sur le moral des troupes ! L’armée américaine place donc de grands espoirs dans la technologie additive afin d’améliorer cela. C’est une toute nouvelle technique d’impression 3D qui est ici utilisée, des ondes à haute fréquence sont en fait projetées vers des particules ciblées pour leur permettre de s’associer et de se mélanger. En modifiant la fréquence sonore utilisée, on peut transformer cet agglomérat ultrasonique, augmenter son volume, améliorer sa texture et lui donner un air à peu près appétissant (au moins plus qu’une boîte de ration de combat déshydratée). L’avantage de nourrir les troupes par ce système est que l’on pourrait adapter les repas en fonction de chacun, de ses goûts, de ses carences alimentaires, de ses allergies ou de ses choix religieux.

Soigner les blessés grâce à la technologie 3D ?

Et si l’avenir de la médecine se situait dans l’impression 3D ? L’armée américaine, loin d’aller aussi loin, l’envisage déjà pour améliorer le traitement des blessés et principalement ceux dont la peau ou les organes ont été endommagés. Elle possède actuellement plusieurs programmes de recherche sur la médecine régénérative, et plus particulièrement dans la branche du bio-printing (impression de peau ou d’organes parfaitement adaptés à chaque patient). Le Docteur Michael Romanko, en charge des recherches, explique l’intérêt fondamental de cette technologie pour l’armée : « chaque soldat présente un type de blessure différente, et aucune plaie cutanée ne se ressemble. La bio-impression de peau devrait permettre une forme de médecine personnalisée et évolutive ». Les premiers essais de bio-printing sont très prometteurs et une application dans la médecine civile devrait suivre rapidement.

Une chose est sûre, la technologie additive n’a pas dit son dernier mot, l’impression 3D n’en est qu’à ses balbutiements et c’est probablement dans les programmes de recherche de l’armée américaine qu’elle va se développer puisque les budgets nécessaires lui sont désormais alloués.

Sources : Army Technology, Industrie-TechnoGNT, 3dNatives