amulette langue basque
Crédits : Aiestaran et coll. ; Antiquity Publications Ltd

Une langue trouvée sur une amulette vieille de 2 100 ans pourrait être liée au basque

Dans le nord-est de l’Espagne, une amulette en forme de main vieille de 2 100 ans a été découverte sur le site de l’âge du fer d’Irulegi. Elle a révélé une inscription fascinante, la plus ancienne et la plus longue dans une langue vasconique, qui englobe le basque moderne.

Une découverte éclaire l’énigme de l’écriture des Vascones

Les Vascones, un groupe culturel de la fin de l’âge du fer, habitaient les Pyrénées occidentales, notamment la région actuelle de Navarre, au nord de l’Espagne. Cette région, encadrée par les montagnes pyrénéennes et la côte cantabrique au nord, ainsi que par l’Èbre au sud, est peu explorée sur le plan archéologique et les sociétés vasconiques pré-romaines demeurent mal comprises.

Jusqu’à présent, peu d’informations étaient disponibles sur la langue, l’écriture, l’identité et les croyances de ces communautés vasconiques. Les exemples d’inscriptions épigraphiques étaient en effet rares et leur identification précise ainsi que leur interprétation linguistique étaient sujettes à débat. L’absence d’éléments probants laissait donc penser que les Vascones n’utilisaient pas d’écriture avant l’occupation romaine.

La découverte récente sur le site d’Irulegi d’un texte vasconien inscrit sur une amulette en forme de main datant de la fin de l’âge du fer est donc une trouvaille significative. Avant cette découverte, les seules traces d’écriture vasconienne connues étaient principalement des mots inscrits sur des pièces de monnaie. Cette nouvelle inscription en bronze offre ainsi une opportunité unique d’explorer la langue et la culture de ces communautés anciennes.

amulette langue basque
Crédits : Aiestaran et al. ; Antiquity Publications Ltd

L’artéfact retrouvé à l’entrée d’un immeuble domestique

Le fort d’Irulegi à Lakidain, qui a été érigé au sommet de sa montagne homonyme, revêt une importance cruciale dans les Pyrénées occidentales. Les fouilles ont débuté en 2007 et se sont tout d’abord concentrées sur le château médiéval. Ensuite, à partir de 2018, elles se sont portées sur l’habitat préhistorique tardif, marquant la fin de l’âge du bronze, situé au sommet de la colline.

À partir de la fin de l’âge du bronze, une tendance à l’occupation de terrains élevés et facilement défendables s’est développée en Europe, également observée dans la péninsule ibérique, notamment dans les Pyrénées occidentales. Irulegi est un exemple de cette tendance. Ce fort bénéficie d’un emplacement stratégique avec un contrôle visuel étendu, un accès aux ressources et le contrôle des voies de communication.

La colonie d’Irulegi a été établie au cœur de l’âge du bronze, aux alentours des 15e-16e siècles av. J.-C. et a traversé différentes phases d’occupation jusqu’au début du premier siècle av. J.-C.. Le site a ensuite été attaqué et abandonné, probablement par l’armée romaine, vers la fin de la guerre Sertorienne (82-72 av. J.-C.).

L’artefact mentionné dans l’article a été découvert à l’intérieur de ce qui semble être un ancien ‘immeuble domestique’, enfoui dans une couche de sédiments riche en carbonate. Ce dépôt, situé à l’entrée du bâtiment, comprenait des morceaux d’adobe brûlé et des fragments de bois carbonisé. Les preuves d’incendies généralisés sur le site, combinées à la découverte d’armes et à d’autres objets, suggèrent que le site a été délibérément détruit par le feu.

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Les ruines du village occupé par des indigènes jusqu’à ce qu’il soit incendié lors d’un conflit entre factions romaines rivales. Crédits : Aiestaran et al. ; Antiquity Publications Ltd

Probablement un porte-bonheur

Les chercheurs ont déchiffré le premier mot, « sorioneku » ou « sorioneke, » similaire au basque moderne signifiant « bonne fortune ». Bien que la signification complète reste à élucider, cette découverte offre un précieux aperçu linguistique, éclairant les liens entre la langue vasconique ancienne, d’autres langues de la péninsule ibérique et le basque contemporain. Selon les chercheurs, l’amulette était probablement utilisée à des fins rituelles ou comme offrande.

Bien que les preuves soient rares, il semble que la langue vasconienne ait subsisté à travers la période romaine et germanique, se démarquant ainsi des autres langues paléohispaniques qui ont cédé sous l’influence du latin. Cette découverte offre une perspective inédite sur l’histoire linguistique et culturelle des Vascones, éclairant une période méconnue de l’Europe ancienne.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Antiquity.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.