La réserve de graines du Svalbard menacée par le réchauffement de la planète ?

Crédits : Wikipedia / Frode Ramone

La réserve mondiale du Svalbard, qui stocke près d’un million d’échantillons de graines provenant du monde entier, n’est pas épargnée par le réchauffement climatique. La structure s’enfonce de plus en plus dans le pergélisol.

La réserve mondiale de semences du Svalbard est un véritable coffre-fort abritant désormais plus d’un million d’espèces de graines. L’année dernière, plus de 70 000 nouveaux échantillons de riz, blé, maïs, niébé ou encore de sorgho avaient en effet rejoint l’antre situé sur l’île norvégienne de Spitzberg, à mi-chemin entre la Norvège continentale et le Pôle Nord. L’arche, construite pour faire face aux coups durs portés par les guerres, famines, et autres maladies, promet également de soutenir l’humanité face au réchauffement climatique. Mais jusqu’à quand ?

Une structure menacée

Car, ironie du sort, le réchauffement des températures ne semble pas épargner la structure. On enregistrait déjà, il y a trois ans, une première alerte. L’augmentation des températures dans l’Arctique avait en effet entraîné une fonte du pergélisol, provoquant une fuite d’eau à l’entrée du tunnel. Heureusement, seul le hall d’entrée long de 15 mètres avait été touché, et aucune semence n’avait été endommagée. Mais cet incident pourrait se reproduire. La région arctique se présente en effet en première ligne face au réchauffement climatique. Pour vous donner une idée, un rapport publié cette année a souligné un réchauffement de 3 à 5 degrés Celsius enregistré entre 1971 et 2017.

« Nous savons que le réchauffement dans cette région a été très rapide au cours des cinq dernières décennies, dans une perspective mondiale, a déclaré Inger Hanssen-Bauer de l’Institut météorologique norvégien. Tous les glaciers bien observés rétrécissent (…) et le réchauffement de l’océan empêche la banquise de se former ». Un réchauffement qui menace de plus en plus la structure de la réserve, qui s’enfonce régulièrement dans le pergélisol. Et les choses de devraient pas aller en s’arrangeant.

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La réserve mondiale du Svalbard. Crédit : Wikipédia

Des projections (très) pessimistes

Ce récent rapport se projette en effet jusqu’en 2100, en fonction de divers scénarios de réchauffement de la planète définis par le GIEC. Selon ces prévisions, la température annuelle de l’air pourrait augmenter d’environ 10 degrés Celsius avec des émissions élevées, et de 7 degrés Celsius avec des émissions moyennes, peut-on lire. En d’autres termes, il y a un scénario moins pire que l’autre, mais tous les deux sont très pessimistes.

Cette hausse régulière des températures entraînera forcément des changements radicaux dans la région, selon le rapport. Les risques de fortes précipitations seront plus élevés, provoquant un maximum d’avalanches et de glissements de terrain. La saison des neiges sera également plus courte, et le pergélisol devrait continuer de fondre dans les zones côtières et à basse altitude.

Reste à savoir si notre coffre-fort pourra tenir le coup. L’emplacement n’avait à la base pas été choisi au hasard. Il est situé au plus profond d’une montagne dans une zone géologiquement inerte, et le risque de séismes ou de volcans est très faible. Par ailleurs, on note que le système politique norvégien est jugé « très stable », ce qui est un plus. Ce que nous n’avions peut-être pas assez anticipé, c’est que la réserve repose sur l’un des points les plus « chauds » de la planète.

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