La pyramide de Menkaure, la plus petite des trois pyramides de Gizeh, plateau de Gizeh, Le Caire, Egypte.

La plus petite pyramide de Gizeh cache ce que personne n’a vu depuis 4 500 ans

Pendant des décennies, les archéologues se sont concentrés sur Khéops et Khéphren, délaissant leur petite sœur. Pourtant, la pyramide de Menkaure vient de révéler deux cavités mystérieuses dissimulées derrière ses murs de granit poli. Grâce à des scanners capables de voir à travers la pierre sans y toucher, une équipe internationale pense avoir identifié une seconde entrée vers ce tombeau pharaonique resté dans l’ombre. Si cette hypothèse se confirme, nous pourrions bientôt pénétrer dans des espaces inviolés depuis l’Ancien Empire.

La pyramide oubliée sort enfin de l’ombre

Sur le plateau de Gizeh, la pyramide de Menkaure fait figure de benjamine négligée. Érigée pour le pharaon Menkaure qui régna de 2490 à 2472 avant notre ère, elle culmine à seulement 65 mètres, soit moitié moins que ses illustres voisines. Cette modestie architecturale lui a paradoxalement valu un avantage considérable : elle reste la mieux préservée des trois grandes pyramides depuis l’Ancien Empire, période qui s’étend de 2700 à 2200 avant notre ère.

Malgré cet état de conservation exceptionnel, les égyptologues l’ont longtemps délaissée au profit de Khéops, la géante du site. C’est précisément ce déséquilibre que l’équipe ScanPyramids a voulu corriger en braquant ses instruments sur cette structure méconnue. Et les premiers résultats dépassent toutes les espérances.

Des blocs trop parfaits pour être anodins

L’énigme commence avec un détail architectural qui intrigue les spécialistes depuis plus d’un siècle. La pyramide devait initialement être entièrement revêtue de granit, matériau noble réservé aux constructions les plus prestigieuses. Pourtant, seules sept rangées de blocs subsistent à sa base, témoignant d’un chantier abandonné en cours de route.

Sur la face est de l’édifice, certains blocs de granit se distinguent radicalement des autres. Là où la majorité des pierres présentent une surface grossièrement taillée, celles-ci affichent un poli impeccable et un ajustement d’une précision millimétrique. Cette finition exceptionnelle rappelle étrangement celle des blocs qui encadrent l’entrée principale au nord de la pyramide.

Pour les chercheurs, cette similitude ne doit rien au hasard. Ces pierres si soigneusement travaillées pourraient marquer l’emplacement d’un second accès vers l’intérieur du monument, une porte dérobée que personne n’aurait franchie depuis près de cinq millénaires.

Voir sans détruire : la révolution des scanners

Vérifier cette hypothèse posait un dilemme éthique majeur. Comment explorer ce qui se cache derrière ces pierres ancestrales sans les endommager ? La destruction d’un seul bloc aurait provoqué un tollé international justifié et détruit peut-être des indices irremplaçables.

L’équipe a donc déployé un arsenal de technologies non invasives : géoradar, ultrasons et tomographie de résistivité électrique. Ces instruments fonctionnent selon des principes différents mais complémentaires, permettant de cartographier ce qui se trouve sous la surface sans percer le moindre trou.

Les résultats, rapportés dans NDT & E International, ont dépassé les attentes. Les scanners ont révélé deux anomalies distinctes, baptisées A1 et A2 par commodité. La première mesure environ 1,5 mètre sur 1 mètre et débute à 1,35 mètre de profondeur. La seconde, légèrement plus petite avec ses 90 centimètres sur 70, commence à 1,13 mètre sous la surface. Les simulations numériques réalisées ensuite confirment l’interprétation : il s’agirait de cavités remplies d’air au cœur d’un environnement calcaire massif.

pyramide de Menkaure
Crédit : Mirko Kuzmanovic
Chameaux devant la pyramide de Menkaure.

Une porte vers l’inconnu

L’anomalie A1 présente une particularité troublante : elle se situe précisément derrière un bloc de granit de forme trapézoïdale présentant une résistivité électrique élevée. Cette configuration renforce l’hypothèse d’une entrée scellée, un passage vers des chambres ou des corridors que personne n’a foulés depuis que les bâtisseurs ont quitté le chantier.

Christian Grosse, professeur de contrôle non destructif à l’Université technique de Munich, ne cache pas son enthousiasme tout en restant mesuré. Les chercheurs reconnaissent que leurs conclusions restent sujettes à interprétation et que la profondeur d’investigation de leurs instruments impose des limites à leurs certitudes.

Néanmoins, après avoir déjà identifié un couloir caché dans la pyramide de Khéops en 2023, ScanPyramids semble bien partie pour révéler un nouveau secret de Gizeh. Si cette seconde entrée existe bel et bien, elle pourrait nous offrir un accès inédit vers des espaces préservés, nous permettant de mieux comprendre comment vivaient et pensaient les bâtisseurs de ces géants de pierre il y a 4 500 ans.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.