C’est un visiteur venu d’un autre monde. Formée il y a près de dix milliards d’années, la comète interstellaire 3I/ATLAS est actuellement visible depuis la Terre, offrant une occasion rarissime d’observer un objet né au-delà de notre système solaire. Pour les astronomes professionnels comme pour les passionnés équipés d’un simple télescope, les prochaines semaines s’annoncent comme un moment privilégié pour en apprendre davantage sur ce fragment de matière cosmique qui ne repassera peut-être jamais près de nous.
Un visiteur d’un autre système stellaire
La comète 3I/ATLAS n’est pas une comète ordinaire. Contrairement aux objets glacés qui gravitent autour du Soleil depuis des milliards d’années, celle-ci vient d’ailleurs, d’un autre système stellaire. C’est seulement la troisième comète interstellaire jamais observée, après 2I/Borisov en 2019 et Oumuamua en 2017.
Au cours des dernières semaines, 3I/ATLAS a atteint son périhélie, le point le plus proche du Soleil, avant de repartir vers les confins du cosmos. La Terre, elle, continue de se rapprocher de sa trajectoire, offrant une fenêtre d’observation idéale pendant le mois de novembre.
Selon le Dr Franck Marchis, astronome principal et directeur scientifique à l’Institut SETI, la comète « brillera près de Vénus et de l’étoile Spica dans la constellation de la Vierge ». Elle devrait atteindre une magnitude de 10, soit une luminosité accessible aux télescopes amateurs et aux jumelles de haute qualité. Même si le spectacle ne sera pas comparable à celui de Hale-Bopp en 1997, il s’agit d’un événement astronomique exceptionnel.
Comment et quand observer la comète
Pour repérer 3I/ATLAS, mieux vaut se lever tôt : elle sera visible dans les deux heures précédant l’aube, juste au-dessus de l’horizon est. Les observateurs peuvent s’aider de Vénus ou de Spica comme points de repère, ou encore utiliser une application d’astronomie comme Stellarium, SkySafari ou Sky Tonight pour localiser sa position exacte.
Les spécialistes précisent que la luminosité des comètes est souvent imprévisible. Certaines deviennent soudainement plus brillantes après leur passage au plus près du Soleil, d’autres s’éteignent rapidement. L’activité de 3I/ATLAS semble toutefois en forte hausse depuis son périhélie, ce qui pourrait en faire une cible particulièrement intéressante au cours des prochaines semaines.
Et même si la comète reste discrète à l’œil nu, elle représente une opportunité unique pour les astronomes amateurs. Beaucoup d’observatoires professionnels ne peuvent pas encore la suivre en raison de sa position basse dans le ciel, laissant la voie libre à ceux qui disposent d’un télescope domestique.

Quand la science participative scrute les étoiles
L’un des aspects les plus fascinants de cette observation réside dans la collaboration entre scientifiques et citoyens. Le réseau mondial Unistellar, qui regroupe plus de 25 000 astronomes amateurs, travaille main dans la main avec l’Institut SETI pour collecter des données sur la trajectoire et la composition de la comète.
Les participants peuvent enregistrer leurs observations et les partager via l’application Unistellar. Ces données, combinées à celles des observatoires professionnels, permettront d’affiner notre compréhension des objets interstellaires – ces fragments d’autres systèmes planétaires qui traversent ponctuellement le nôtre.
« Derrière chaque observation, il y a une contribution réelle à la science », rappelle le Dr Marchis. « Ces données citoyennes nous aident à comprendre d’où vient cette comète et ce qu’elle peut nous apprendre sur la formation des systèmes solaires au-delà du nôtre. »
Un fragment d’histoire cosmique
La comète 3I/ATLAS s’éloignera bientôt du Soleil et poursuivra son voyage solitaire vers l’espace interstellaire. Les chercheurs estiment qu’elle ne reviendra jamais dans notre voisinage.
Chaque observation compte donc : c’est une rencontre unique entre l’humanité et un fragment du passé cosmique, témoin des premières époques de la formation des étoiles.
Et pour ceux qui n’auront pas la chance de la voir directement, le Virtual Telescope Project prévoit de diffuser des images en direct dans les prochaines semaines, afin que chacun puisse assister, depuis chez soi, au passage fugace de cette messagère venue des profondeurs du cosmos.
