Déprime, désespoir et anxiété, santé mentale
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Stress : un interrupteur génétique découvert pour le contrôler

Selon la Fondation pour la santé mentale, au lendemain de la pandémie de Covid-19, l’anxiété est en augmentation et une personne sur cinq ressent ses effets la plupart du temps ou à chaque instant. À cela s’ajoute le fait qu’un tiers des patients qui prennent des médicaments anxiolytiques ne vivent pas de rémission durable de l’anxiété, devant ainsi en subir les symptômes sur le long terme. Et s’il était possible de désactiver l’interrupteur à stress qui met l’esprit et le corps sous pression pour retrouver une paix mentale longue durée ? C’est en tout cas une possibilité en laquelle croient fortement les chercheurs de l’Université d’Aberdeen, en Écosse, qui viennent justement de découvrir l’interrupteur en question.

Stress : quel est le rôle de la génétique ?

Comme l’explique le professeur Alasdair Mackenzie, le principal auteur de ces travaux, « nous savons déjà que 95 % des différences génétiques associées aux maladies se situent en dehors des gènes codant pour les protéines. Cette partie du génome, connue sous le nom de « génome non codant », n’a pas été bien explorée parce que nous n’avions pas les outils pour le faire. »

Il ajoute par ailleurs que « nous savons également que le génome non codant contient des informations sous la forme de commutateurs de gènes qui indiquent aux gènes où et quand ils doivent être activés. C’est important, car les gènes doivent être activés dans les bonnes cellules et au bon moment pour garantir une bonne santé et lorsqu’ils ne sont pas activés correctement, ils peuvent contribuer à des troubles tels que l’anxiété, la dépression et la dépendance. Ce sont ces zones du génome non codant que nous étudions dans notre laboratoire. »

« Pour comprendre la base des maladies humaines complexes, notamment les maladies mentales et d’autres affections telles que l’obésité, la dépression et la toxicomanie, il est tout aussi important de comprendre les mécanismes qui assurent une production adéquate de protéines dans les bonnes cellules que de comprendre les protéines elles-mêmes. Nous n’y parviendrons que si nous comprenons mieux le génome non codant dans la santé et la maladie, ainsi que la fonction et le rôle des milliers de commutateurs génétiques énigmatiques qui se cachent dans ses profondeurs », précise Andrew McEwan qui a coécrit l’étude.

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L’outil CRISPR à l’œuvre pour identifier un interrupteur à anxiété

Pour approfondir leurs connaissances sur les processus à l’œuvre, l’équipe utilise une approche unique. Elle rappelle que beaucoup de ces mécanismes, que l’on retrouve chez les humains et les souris, sont restés inchangés pendant des centaines de millions d’années. Pour opérer, elle utilise l’outil CRISPR qui sert à l’édition génomique afin de réaliser des modifications ciblées de ce matériel génétique ancien. Ici, les chercheurs retiraient certains de ces interrupteurs afin d’étudier leur rôle dans l’humeur, la prise alimentaire ou encore le goût pour l’alcool.

C’est justement en retirant des parties précises du génome qu’ils ont pu identifier un activateur appelé BE5.1 qui contrôle le gène BDNF, augmentant alors les niveaux d’anxiété chez les souris femelles. On peut donc en conclure que BE5.1 est un élément clé de la machinerie complexe du génome dans le cerveau qui module l’anxiété. Les scientifiques ont par ailleurs trouvé d’autres activateurs de ce type laissant supposer qu’ils pouvaient réduire l’anxiété, l’appétit ou encore l’envie de l’alcool lorsqu’on les supprime du génome des souris. Cela laisse ainsi entrevoir comment explorer la fonction des différents interrupteurs face aux comportements complexes qui prédisposent à l’apparition de maladies.

Des recherches plus approfondies pourraient en tout cas apporter des solutions thérapeutiques novatrices contre les troubles anxieux dans le futur et offrir une nouvelle cible médicamenteuse pour alléger le quotidien des personnes anxieuses.

Julie Durand

Rédigé par Julie Durand

Autrefois enseignante, j'aime toujours autant partager mes connaissances et mes passions avec les autres. Je suis notamment passionnée par la nature et les technologies, mais aussi intriguée par les mystères nichés dans notre Univers. Ce sont donc des thèmes que j'ai plaisir à explorer sur Sciencepost à travers les articles que je rédige, mais aussi ceux que je corrige.