D’un point de vue cérébral, la solitude et l’anxiété sociale sont très différentes

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Une étude allemande et israélienne récente a inclus les jeux vidéo ainsi que l’imagerie cérébrale afin de différencier les biais neurologiques de la solitude et de l’anxiété sociale. Le but était de démontrer que contrairement à aujourd’hui, ces deux états devraient faire l’objet d’un traitement différent.

Identifier les dessous de la solitude et de l’anxiété sociale

En catalysant le stress, la solitude peut avoir des effets indésirables sur la santé mentale et physique, et se révèle comme un facteur de risque de mortalité prématurée. En somme, la solitude est une préoccupation en matière de santé publique et la récente pandémie de Covid-19 a fait office de rappel. Le fait est que les symptômes de la solitude et de l’anxiété sociale sont très proches. Or, les thérapies du comportement ciblent souvent ces deux états de la même façon. Seulement, voilà, une étude publiée dans le Journal of Neuroscience le 14 février 2022 souligne une importante nouveauté. Selon les chercheurs en neurologie et psychiatrie de l’hôpital universitaire de Bonn (Allemagne) de l’Université d’Haïfa (Israël), la solitude et l’anxiété sociale n’ont pas les mêmes dessous neurologiques.

Les travaux mettent en exergue un fort lien entre la solitude et les symptômes d’anxiété sociale. De plus, l’anxiété sociale peut être considérée comme étant un facteur de solitude à plus ou moins long terme. Citons également le fait que la documentation scientifique associe très souvent l’anxiété sociale à l’isolement social, mais également, à un manque de soutien social ainsi qu’à une baisse de la satisfaction de soi. Par ailleurs, les symptômes de l’anxiété sociale peuvent être amplifiés par des relations amicales médiocres, des symptômes pouvant persister en cas d’évitement des situations sociales, un comportement de protection.

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Deux états différents pour deux types de traitement

Ainsi, l’étude montre qu’une réactivité émotionnelle faussée face aux événements négatifs caractérise la solitude. En revanche, l’évitement concerne davantage l’anxiété sociale. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé le comportement d’individus atteints de solitude et d’anxiété sociale à différents niveaux dans le cadre d’une séance de jeu vidéo. Les participants pouvaient choisir de parier de manière sûre sur leur victoire et gagner une petite somme d’argent ou faire un pari bien plus risqué pouvant leur faire gagner une somme bien plus conséquente. Ensuite, les volontaires devaient visionner une vidéo mettant en scène un humain virtuel content ou mécontent en cas de victoire ou de défaite.

Selon les résultats, les participants souffrant d’anxiété sociale choisissaient davantage le pari sûr afin d’éviter une issue indésirable. Les personnes atteintes de solitude préféraient quant à elles largement le choix inverse. En pratiquant des IRM sur ces personnes, les scientifiques ont observé une activation plus prononcée de l’amygdale chez les anxieux pendant la prise de décision. Il est également question d’une activation moindre du noyau accumbens, signe d’une récompense sociale plus faible lorsqu’il s’agissait de visionner la vidéo. Or, ces deux spécificités ne sont pas apparues chez les personnes enclines à la solitude. Ainsi, les chercheurs estiment qu’il s’agit de deux états ou troubles spécifiques nécessitant des interventions comportementales différentes.