Il y aurait en fait un bout de France (géologique) en Angleterre

Cornouailles (Angleterre)
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Les Cornouailles et une partie du Devon, sur le continent britannique, feraient finalement partie de l’Europe occidentale, et plus précisément de la France, du moins sur le plan géologique.

Il y a environ 400 millions d’années, bien avant les dinosaures, la Terre, comme aujourd’hui, était divisée en plusieurs continents parmi lesquels vous retrouverez le Gondwana, qui deviendra (grossièrement) plus tard l’hémisphère sud; Avalonia (Canada et une grande partie de l’Europe); Laurentia (Amérique du Nord), Barentsia pour la Sibérie, et Baltica pour la Chine. Mais ces continents n’étaient pas statiques; comme aujourd’hui, ils se déplaçaient et se rencontraient parfois. Ce fut notamment le cas d’Avalonia d’un morceau de Laurentia. De cette fusion émergea alors, des centaines de millions d’années plus tard le Royaume-Uni. Du moins, c’est ce que l’on pensait. Une récente étude publiée dans Nature suggère pourtant que la partie ne s’est pas jouée à deux, mais à trois.

Celle qui fut autrefois l’Armorique, et qui fait aujourd’hui partie de la France et de l’Europe continentale, aurait en effet été impliquée dans cette collision. « Il a toujours été présumé que la frontière entre Avalonia et Armorica était en dessous de ce qui semblerait être la frontière naturelle de la Manche« , explique Arjan Dijkstra, de l’université de Plymouth et principal auteur de l’étude. De récentes analyses de magma solidifié menées au sud-Ouest de la Grande-Bretagne montrent pourtant que cette ligne traverse Devon et les Cornouailles.

On pensait auparavant que le Royaume-Uni avait été créé par la fusion de deux masses terrestres, Avalonia et Laurentia, il y a plus de 400 millions d’années. Il y aurait eu en fait trois masses terrestres, dont l’Armorique. Crédit : Plymouth University

En d’autres termes, la roche située sous les Cornouailles et sous une partie de Devon appartenait autrefois à l’Armorique (aujourd’hui la France).

« Lorsque nous avons commencé à examiner les roches, il était très clair qu’il y avait deux groupes, poursuit le chercheur. Seuls les rochers au nord étaient ce que nous attendions pour la Grande-Bretagne. Au sud, ils étaient identiques aux rochers trouvés en France. Les racines de ces roches sont françaises jusqu’aux moindres détails« .

Ces résultats pourraient notamment expliquer pourquoi le sud-ouest de la Grande-Bretagne présente une grande quantité d’étain et de tungstène; des matériaux retrouvés également en France, et plus particulièrement en Bretagne. « Nous avons toujours su qu’il y a environ 10 000 ans, vous auriez pu marcher de l’Angleterre jusqu’en France, conclu le chercheur. Mais nos résultats montrent que des millions d’années auparavant, les liens entre les deux pays étaient encore plus forts« .

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