Ham le chimpanzé, premier hominidé dans l’espace

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Han photographié avant son vol d'essai de 1961 dans l'espace. Crédits : Nasa

Le 31 janvier 1961 – quelques semaines avant l’envol du cosmonaute soviétique Youri Gagarine – un chimpanzé nommé Ham est devenu le premier hominidé à évoluer dans l’espace.

De nombreux animaux se sont aventurés dans l’espace bien avant les Hommes, avec plus ou moins de succès. Côté américain, l’histoire commence en 1948, une décennie avant la création de la NASA. L’US Air Force recrute alors un macaque rhésus mâle, prénommé Albert, et le place dans une capsule coiffée sur le nez d’une fusée V-2. Le lancement depuis White Sands, au Nouveau-Mexique, est réussi. Malheureusement le pauvre Albert suffoque et meurt avant d’atteindre l’espace.

L’année suivante, l’Air Force opère de nouveau avec un autre macaque nommé Albert II. Contrairement à son prédécesseur, ce dernier réussit à devenir le premier singe à survivre à un lancement et à atteindre l’espace. Malheureusement Albert II aura moins de chance lors de la descente, puisque les parachutes de la capsule ne s’ouvriront pas. Les traces de ce crash sont d’ailleurs encore bien visibles dans le désert du Nouveau-Mexique.

En 1951, l’Air Force réussit cette fois à maintenir un singe – celui-ci nommé Albert VI – en vie à la fois lors du lancement et de l’atterrissage. Malheureusement sa capsule n’ayant finalement pas réussi à atteindre la limite de l’espace, notre cher Albert VI, malgré son exploit, est hors course.

L’honneur des premiers primates à survivre à un voyage aller-retour dans l’espace revient finalement à un singe écureuil nommé Miss Baker et à un macaque rhésus nommé Able, montés en 1958 sur un GM-19 Jupiter, un missile balistique de portée intermédiaire conçu pour transporter des ogives nucléaires (pas des singes). Malheureusement, Able est décédé quelques jours seulement après son retour sur Terre en raison de complications suite à une intervention médicale.

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Miss Baker, photographiée juste avant son vol dans l’espace en 1958. Crédits : NASA

Les « astrochimps »

De son côté, l’Union Soviétique n’était pas en reste. À la différence que, au lieu de placer de petits primates dans leur capsule, les Russes utilisent des chiens errants. Et, au moment où Miss Baker et le malheureux Able marquaient l’histoire de l’Amérique, l’URSS avait déjà lancé des dizaines de canidés. Beaucoup en sont morts, certes, mais certains ont tout de même survécu.

À la fin des années 50, quelques mois après la création de la NASA, les États-Unis franchissent alors une étape supplémentaire avec le lancement du programme Mercury. Son principal objectif : envoyer les premiers Américains dans l’espace. Une ambition risquée qui pousse la NASA, en préparation de ce projet, à recruter des chimpanzés, génétiquement étroitement liés aux humains.

Mais au-delà de nos similitudes génétiques, il était également déjà admis à l’époque que les chimpanzés étaient doués d’une grande intelligence et capables d’exprimer des émotions complexes. Ainsi dans l’esprit de l’agence américaine, si les chimpanzés pouvaient supporter un voyage dans l’espace, alors il y avait de fortes chances qu’un astronaute humain puisse également survivre. D’où le choix porté sur ces sujets.

Ham, premier hominidé dans l’espace

Une quarantaine de chimpanzés sont alors recrutés, parmi lesquels figure Ham (désigné initialement comme le chimpanzé 65), capturé très jeune au Cameroun par des trappeurs avant d’être vendu au gouvernement américain.

Transférés à la base aérienne Holloman, au Nouveau-Mexique, tous ces chimpanzés suivirent ensuite une formation visant à les préparer au grand voyage. Parmi ces tests, tous devaient apprendre à tirer sur un levier chaque fois qu’un voyant bleu s’allumait. En cas de réussite, ils appréciaient un morceau de banane. En cas d’échec, ils essuyaient un petit choc électrique sur les pieds.

Tous ces tests permirent aux chercheurs de réduire les effectifs pour ne garder que les meilleurs. Le 2 janvier 1961, il n’en reste alors que six (quatre femelles et deux mâles). Mais c’est finalement Ham qui est choisi, sélectionné par un vétérinaire pour sa « fougue et sa bonne humeur ». Il sera ensuite lancé dans l’espace quelques jours plus tard, le 31 janvier, dans le cadre de la mission Mercury-Redstone 2, le deuxième vol opérationnel du programme Mercury.

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Ham dans sa combinaison spatiale photographié quelques minutes avant son envol. Crédits : NASA

Mission réussie

Tout au long de son voyage suborbital, qui dure environ six minutes, Ham réalise des tests logiques, les mêmes que ceux réalisés en surface. Le chimpanzé les exécute avec succès, prouvant que ses capacités cognitives ne sont pas altérées par les conditions rencontrées dans l’espace. Nous savions dès lors que les astronautes humains pourraient également effectuer des tâches physiques de base en orbite.

Après avoir culminé à 250 km d’altitude, la capsule amerrit finalement dans l’océan Atlantique, avec un chimpanzé vivant et en bonne santé à l’intérieur. Nous ne saurons jamais ce que Ham a véritablement pensé de son expérience. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il arbora un large sourire lorsque ses confrères de la NASA, alors qu’il était encore dans la capsule, lui tendirent une pomme pour le récompenser.

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Ham serrant la main du commandant de l’USS Donner, juste après être sorti de sa capsule. Crédits : NASA

Ham vécut ensuite le reste de sa vie au zoo de Caroline du Nord, où il décéda en 1983 à l’âge de 26 ans. Sa tombe se trouve devant le Musée de l’histoire spatiale du Nouveau-Mexique, à Alamogordo.