Grâce à la seule force de sa pensée, ce tétraplégique actionne un bras robotique avec une fluidité inégalée

Crédits : Capture vidéo

Une équipe de chercheurs de la California Institute of Technology a élaboré une neuroprothèse novatrice qui est directement reliée à la zone cérébrale responsable de la formation des intentions. Erik Sorto, qui a été le premier patient à être équipé de ce dispositif, est ainsi parvenu à réaliser des mouvements d’une fluidité inégalée avec un bras robotique, et ce, grâce à la seule force de sa pensée.

Cela fait désormais plusieurs années que les chercheurs ne cessent de redoubler d’imagination en matière de neuroprothèses dans le but de redonner aux personnes ayant un handicap moteur une certaine autonomie. Pourtant, malgré tous ces efforts et les progrès réalisés par la recherche, le moins que l’on puisse dire, c’est que les patients dotés de ces dispositifs souffraient jusqu’à présent d’un certain manque de fluidité au niveau de leurs mouvements. Un problème qui semble aujourd’hui en partie surmonté grâce à une nouvelle technique d’implantation imaginée par la California Institute of Technology (Etats Unis).

Alors que les prothèses connectées aux nerfs des patients étaient auparavant directement reliées à la région du cerveau responsable des mouvements, ces scientifiques ont eu l’idée d’implanter une neuroprothèse directement au niveau du cortex pariétal postérieur, la zone cérébrale impliquée dans la gestion des intentions. « Nous avons pensé que les signaux provenant du cortex pariétal postérieur seraient plus faciles à utiliser pour les patients, produisant un processus de mouvements plus fluides », a expliqué le Dr Richard Andersen, professeur de neurologie et principal auteur de la recherche, relayé par le site Sciences&Avenir.

Le premier patient à avoir testé cette nouvelle méthode se nomme Erik Sorto, un tétraplégique de 34 ans. Et, selon le compte-rendu publié dans la revue Science le 22 mai 2015, il semblerait que les résultats soient extrêmement prometteurs.

Un mouvement beaucoup plus instinctif

Après avoir été équipé des implants neuronaux en 2013, Erik s’est ensuite entraîné à déplacer et à contrôler un curseur d’ordinateur, ainsi que son bras télémanipulateur, à l’aide de sa pensée. Suite à ces longues séances d’exercices, ce patient, qui était paralysé des pieds jusqu’au coup depuis 2002, est finalement parvenu à bouger son bras robotique avec une précision et une fluidité inégalées. « J’ai été surpris par la facilité avec laquelle je pouvais contrôler le bras », a-t-il expliqué. « Je me souviens d’avoir eu comme une sensation de sortir de mon corps et je voulais serrer la main de tout le monde. »

Le Dr Richard Andersen explique cette facilité de mouvement de la manière suivante : « Le cortex pariétal postérieur se situe en amont dans le processus aboutissant à un mouvement, ce qui fait que les signaux sont plus en rapport avec l’intention d’agir qu’à l’exécution même du mouvement. Quand on bouge le bras, on ne pense pas vraiment quel muscle activer et au déroulement détaillé du mouvement comme par exemple le fait de lever le bras, de l’étendre, de saisir une tasse et de refermer sa main autour ». Au lieu de cela, « on pense au but du mouvement, à savoir l’intention, par exemple, de prendre un verre d’eau ». Ainsi, alors que les patients devaient auparavant décomposer un mouvement en plusieurs séquences avant de parvenir à le réaliser entièrement, Erik n’aura eu qu’à l’imaginer dans son ensemble, comme le ferait toute personne valide. Une avancée pour le moins prometteuse qui devrait permettre de redonner un certain espoir aux personnes ayant perdu l’usage de leurs membres.

« C’était mon but ultime : pouvoir boire une bière par moi-même. ». Objectif qui est aujourd’hui pleinement atteint par Erik Sorto, comme vous pourrez le voir dans la vidéo ci-dessous.  « Ce dont je rêve à présent c’est de me brosser seul les dents, et ça, c’est la prochaine étape », a-t-il déclaré.

Sources: Sciences&Avenir – francetvinfo