Les gorgonopsiens ont survécu à la « Grande Mort », mais pas longtemps

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Smilesaurus, un des gorgonopsiens emblématiques qui a vécu à la fin du Permien dans l'actuelle Afrique du Sud. Crédit : J. Benoit

Environ 90% de toutes les espèces ont disparu pendant la « Grande Mort » il y a environ 252 millions d’années. On pensait que les gorgonopsiens, un clade de thérapsides carnivores, n’y avaient pas survécu non plus. En réalité, certains auraient survécu jusqu’à la période du Trias, comme le révèlent ces recherches.

Les gorgonopsiens – nommés d’après les mythiques et monstrueuses Gorgones de la mythologie grecque, dont l’apparence pouvait transformer les gens en pierre – se caractérisaient par un crâne long et étroit, ainsi que par des canines et des incisives supérieures (parfois aussi inférieures) surdéveloppées. Cette denture particulière évoque celle des célèbres prédateurs à dents de sabre, qui apparaîtront bien plus tard.

Il était admis parmi la communauté scientifique que ces grands prédateurs s’étaient éteints durant le plus grand événement d’extinction de la Terre : celle du Permien, survenue il y a environ 252 millions d’années. À cette époque, près de 95% de tous les êtres vivants auraient succombé en raison d’importantes éruptions volcaniques.

La dernière marche d’un clade mort

Une analyse de trois spécimens découverts dans le bassin du Karoo, en Afrique du Sud, révèle que les gorgonopsiens, les prédateurs dominants de leur époque, ont en réalité survécu à cette « Grande Mort ».

On parle alors de « clade mort ». Il s’agit d’un terme utilisé dans les études sur l’extinction qui fait référence au moment où un groupe d’organismes survit techniquement à une extinction de masse, mais est tellement endommagé par celle-ci qu’il ne se rétablit jamais et s’attarde un peu avant de finalement disparaître.

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Un spécimen de Cyonosaurus du Permien tardif exposé au au South African Museum de Cape Town, Afrique du Sud. Crédit : Christian Kammerer
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Restes fossiles de Cyonosaurus à Iziko au South African Museum de Cape Town, Afrique du Sud. Crédit : Christian Kammerer

Pour les auteurs, l’espèce qui a survécu appartenait probablement au genre Cyonosaurus. D’après la longueur de leur crâne, on estime que ces animaux pouvaient atteindre les 1,5 mètre de long.
Après l’extinction massive, un herbivore au corps trapu appelé Lystrosaurus, qui était probablement fouisseur, a vu ses effectifs se multiplier. Si Cyonosaurus a survécu, il est donc possible qu’il se soit attaqué à ce type de proie, lui permettant de survivre un temps.

Des recherches plus approfondies seront nécessaires, mais les données semblent indiquer que les gorgonopsiens se sont finalement éteints durant la première partie du Trias (- 251 à – 200 millions d’années). Cela dit, les gorgonopsiens du Trias étaient relativement rares et n’appartenaient visiblement qu’à un seul genre. Aussi, ce « clade mort » devrait toujours être considéré comme une victime de l’extinction massive de la fin du Permien, concluent les chercheurs.

Ces travaux ont été présentés début novembre lors de la conférence annuelle de la Society of Vertebrate Paleontology, à Toronto.