La résistance aux antibiotiques chez les bactéries devient une préoccupation sanitaire majeure dans le monde. Nous savons que beaucoup de ces gènes résistants peuvent être disséminés sur de longues distances par transport atmosphérique. Et selon une étude publiée dans la revue Science of The Total Environment, beaucoup le font à « dos de nuages ».
La résistance aux antibiotiques est un phénomène qui se produit lorsque des bactéries deviennent résistantes aux médicaments utilisés pour les traiter. Pour ce faire, elles peuvent par exemple modifier leur structure cellulaire pour produire des enzymes qui inactivent ces molécules. C’est un problème sérieux, car cela réduit l’efficacité des traitements contre les infections bactériennes. Sans eux, celles-ci peuvent alors se propager plus rapidement et devenir plus graves. La résistance aux traitements peut également réduire l’efficacité des traitements courants tels que la régénération, les transplantations d’organes et les interventions chirurgicales.
De manière générale, on estime que les bactéries et champignons résistants sont responsables de la mort d’au moins 1,27 million de personnes dans le monde chaque année. La surutilisation des antibiotiques, en particulier dans le domaine vétérinaire (on traite souvent le bétail), est considérée comme l’une des principales causes de ce phénomène.
En raison de la menace importante pour la santé publique que représentent les microbes résistants aux antibiotiques, il est donc essentiel d’en apprendre davantage sur la manière dont ils se déplacent. Pour en savoir plus, des chercheurs de l’Université de Laval, au Québec, et de l’Université Clermont Auvergne, se sont intéressés aux nuages. Ces derniers étaient en effet en quelque sorte susceptibles de servir de « moyen de transport » à ces gènes résistants.

Plus de 20 000 copies de gènes résistants en moyenne
Pour ces travaux, les chercheurs ont échantillonné pendant deux ans des nuages au sommet du Puy-de-Dôme, un volcan endormi situé dans le Massif central, à 1 465 m au-dessus du sol. L’analyse de ces nuages a révélé qu’ils contenaient environ 8 000 bactéries par millilitre d’eau de nuage en moyenne. « Ces bactéries vivent généralement à la surface de la végétation ou du sol, mais certaines remontent dans l’atmosphère à la faveur du vent ou des activités humaines, participant même à la formation des nuages« , explique Florent Rossi. « Entre 5% et 50% de ces bactéries peuvent alors être vivantes et potentiellement actives« .
Ces données en main, les chercheurs ont ensuite mesuré la concentration de 29 sous-types de gènes de résistance aux antibiotiques transportés dans les masses d’air atmosphérique. Les nuages contenaient en moyenne 20 800 copies de ces gènes par millilitre d’eau.
D’après l’étude, les nuages océaniques et les nuages continentaux auraient chacun leur propre « signature de gènes » de résistance aux antibiotiques. Par exemple, les nuages continentaux contiendraient davantage de gènes utilisés en production animale.
Bien que le transport aérien de ces gènes soit un phénomène déjà connu et naturel, cette étude montre que les nuages sont une voie importante permettant leur propagation sur de courtes et longues distances.
