La Delta IV Heavy, une fusée qui s’enflamme brièvement juste avant de décoller, a été lancée pour la dernière fois ce mardi pour placer un satellite classifié en orbite.
Un décollage explosif pour la fusée Delta IV Heavy
Le décollage de la fusée Delta IV Heavy est une expérience visuelle spectaculaire. Une intense combustion semble en effet engloutir la base de la fusée, créant l’illusion qu’elle est en train de se consumer sur la rampe de lancement. Cette séquence d’allumage impressionnante crée une ambiance à la fois éblouissante et saisissante.
Au fur et à mesure que les moteurs prennent de la puissance, la fusée Delta IV Heavy commence finalement à s’élever lentement au-dessus de la rampe, rompant le lien visuel avec la terre. Cette transition de l’éclat flamboyant de l’allumage à la majesté gracieuse de la montée crée une expérience visuelle inoubliable pour tous ceux qui ont la chance d’y assister.

Ce lent processus de décollage est principalement dû à la configuration des moteurs de la fusée et à la manière dont le carburant est injecté et brûlé. Dans le détail, la fusée Delta IV Heavy est équipée de trois boosters principaux et chacun est alimenté par un moteur RS-68. Ces moteurs fonctionnent avec de l’hydrogène liquide et de l’oxygène liquide comme propergol, ce qui crée une combustion très brillante et lumineuse lorsqu’ils sont allumés. De plus, les moteurs RS-68 sont conçus pour produire une grande poussée dès le départ, ce qui accentue l’effet visuel.
Lorsque les moteurs sont allumés, la fusée reste maintenue au sol par des dispositifs de retenue. Ces derniers sont ensuite lâchés une fois que les moteurs ont atteint une poussée suffisante pour surmonter la force de gravité. Dès lors, la fusée commence à s’élever lentement de la rampe de lancement.
Dernier vol
Cette énorme fusée, la plus grande au monde entièrement alimentée à l’hydrogène liquide, s’est élancée pour la dernière fois ce mardi 9 avril. À son bord figurait une charge utile classifiée pour le National Reconnaissance Office, l’agence de satellites-espions du gouvernement américain. Cette nouvelle mission aura marqué le 45e vol du Delta IV qui aura constitué la pierre angulaire du programme spatial de l’armée américaine depuis plus de vingt ans. Il s’agissait accessoirement du seizième vol de sa configuration Delta IV Heavy.
Le Delta IV affiche un bilan de réussite quasi parfait. Le seul défaut est survenu lors du premier vol de sa version Heavy en 2004, lorsqu’une charge utile factice a été déployée sur une orbite plus basse que prévu après l’arrêt des trois moteurs d’appoint quelques secondes plus tôt.

S’adapter à la concurrence de SpaceX
Malgré ses performances impressionnantes, le Delta IV Heavy était associé à des coûts considérables. À un moment donné, le prix d’un seul lancement de cette fusée jetable s’élevait à près de 400 millions de dollars, bien que le gouvernement ait négocié un tarif légèrement inférieur auprès de l’ULA pour l’achat groupé des trois dernières missions du Delta IV Heavy. De plus, les complexes de lancement Delta IV en Floride et en Californie exigeaient une maintenance coûteuse et une alimentation électrique continue, même pendant les périodes de faible activité de lancement.
Il y a quelques années, ces coûts élevés ont finalement ouvert la voie à SpaceX, nouvelle venue sur le marché des lancements de sécurité nationale, pour demander au Pentagone l’autorisation de concourir pour des contrats de lancement militaire. Avec sa fusée Falcon 9 partiellement réutilisable, SpaceX proposait alors des tarifs plus compétitifs que l’ULA. Le début de la fusée Falcon Heavy en 2018 a également renforcé la capacité de SpaceX à lancer pratiquement toutes les missions spatiales militaires.
L’ULA a depuis développé la fusée Vulcan, moins onéreuse. Elle a par ailleurs effectué un vol d’essai réussi en janvier. La Vulcan remplacera ainsi les fusées Delta IV et Atlas V dans le portefeuille de l’entreprise, bien qu’il reste encore dix-sept modèles de ces dernières à être lancés.
Dans le cadre d’un contrat attribué par le Pentagone en 2020, la fusée Vulcan, ainsi que les Falcon 9 et Falcon Heavy de SpaceX, seront en tout cas chargées de lancer les satellites militaires les plus coûteux et les plus sensibles au cours des prochaines années.
