Un fossile exceptionnellement bien préservé
Des chercheurs ont mis au jour les restes parfaitement conservés de cet oiseau préhistorique en 2016 lors de fouilles menées dans la carrière de William, au Brésil. Ce fossile est d’une importance capitale non seulement parce qu’il révèle un aspect rare de l’évolution des oiseaux, mais aussi en raison de la manière dont il a été conservé. Grâce à une technologie moderne de micro-CT, les scientifiques ont pu scanner et reconstituer en trois dimensions le crâne de l’oiseau et même son cerveau. Ce type de préservation extrêmement rare a permis de découvrir des détails d’une grande précision concernant l’anatomie de Navaornis hestiae, ce qui offre un aperçu unique sur son fonctionnement biologique.
Un cerveau surprenant pour son époque
Navaornis hestiae était un oiseau de taille modeste, à peu près aussi grand qu’un étourneau moderne. À première vue, son crâne ressemble à celui d’un petit pigeon. Pourtant, il ne s’agissait pas d’un oiseau moderne, mais d’un membre d’un groupe d’oiseaux primitifs appelés les énantiornithines qui vivaient bien avant les oiseaux que nous connaissons aujourd’hui.
Ce qui rend cet oiseau si intéressant, c’est la taille relativement grande de son cerveau par rapport à celle d’autres oiseaux primitifs comme l’Archéoptéryx, un autre oiseau ancien souvent cité comme un précurseur des oiseaux modernes. La taille de son cerveau suggère que Navaornis hestiae avait des capacités cognitives plus développées que celles de ses contemporains. Il est probable qu’il ait eu une intelligence plus avancée, peut-être liée à la manière dont il cherchait de la nourriture, se protégeait des prédateurs ou interagissait avec ses congénères.
Des oiseaux avec un cerveau primitif, mais en évolution
L’étude du cerveau de cet oiseau révèle aussi des éléments intrigants. Bien que cet organe soit plus gros que celui de l’Archéoptéryx, il n’avait pas encore certaines structures développées que l’on retrouve chez les oiseaux modernes, comme un cervelet plus grand. Or, le cervelet est une partie du cerveau essentielle pour le contrôle moteur, notamment pour la coordination du vol.
Cette absence d’un cervelet bien développé suggère que même si Navaornis hestiae possédait un cerveau relativement avancé pour son époque, il n’avait pas encore les capacités de vol complexes des oiseaux modernes. Cela soulève des questions fascinantes sur la manière dont les oiseaux ont acquis les compétences nécessaires pour voler de manière aussi performante.

Une découverte clé pour comprendre l’évolution des oiseaux
La découverte de Navaornis hestiae est importante, car elle nous montre un oiseau qui se trouve à un moment charnière de l’évolution des oiseaux. Il a un cerveau plus développé que celui de certains ancêtres, mais il lui manque encore les caractéristiques cérébrales complexes observées chez les espèces d’aujourd’hui. En ce sens, ce fossile représente une sorte de pièce manquante dans le puzzle de leur évolution de ces animaux. Cette découverte permet aux scientifiques de mieux comprendre les étapes évolutives qui ont mené à la naissance des oiseaux modernes avec leurs capacités cognitives et leur aptitude au vol hautement sophistiquée.
Cette découverte, rapportée dans la revue Nature, n’est pas seulement fascinante pour les paléontologues, mais elle invite aussi à réfléchir sur l’intelligence animale et sur la façon dont des capacités aussi complexes ont évolué au fil du temps. Les oiseaux modernes possèdent certaines des capacités cognitives les plus avancées du règne animal et cette étude pourrait bien être un indice important de la manière dont ces capacités se sont développées.
