Les femmes préhistoriques avaient des bras incroyablement forts

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Crédits : AO, le dernier Néandertal

Il y a 7 000 ans, les femmes étaient armées de bras très puissants, plus puissants encore que les athlètes d’aujourd’hui, selon une étude publiée ce mercredi 29 novembre. Des résultats qui amènent à repenser le rôle de ces femmes au Néolithique.

Avant l’avènement de l’écriture, il n’y a pas de documents précis décrivant la manière dont vivaient nos ancêtres. Nous disposons d’artefacts, d’objets d’art un peu rupestres, et de quelques os. Ceux-ci, néanmoins, peuvent nous révéler pas mal de choses. « Il peut être facile d’oublier que l’os est un tissu vivant, qui répond aux rigueurs auxquelles nous soumettons nos corps », explique Alison Macintosh, du Département d’archéologie et d’anthropologie de l’Université de Cambridge. « L’impact physique et l’activité musculaire exercent tous deux une pression sur l’os, appelée charge, qui réagit en changeant de forme, de courbure, d’épaisseur et de densité au fil du temps pour s’adapter aux efforts répétés ». Ainsi les os peuvent « parler ». En témoignent ces travaux, publiés dans Science Advances.

Des chercheurs ont ici analysé l’humérus (l’os du bras situé entre l’épaule et le coude) ainsi que le tibia (l’os du bas de la jambe) de 45 femmes contemporaines jouant au football, faisant de la course à pied et de l’aviron. Ils ont ensuite analysé ceux d’un groupe de femmes qui vivaient au Néolithique, il y a environ 7 000 ans. Résultat : les femmes d’antan étaient dotées d’une force incroyable. Les chercheurs suggèrent que cette incroyable force physique résultait probablement de leur travail, à la seule force du poignet, pour labourer le sol et récolter les céréales puis faire de la farine en broyant des graines à l’aide de meules en pierre. Ainsi, la vie quotidienne de ces femmes préhistoriques était remplie de travaux manuels durs, plutôt que ponctuée de tâches domestiques plus légères, pendant que les hommes se débattaient.

« En analysant les os de personnes vivantes qui font régulièrement de l’exercice intensif et en les comparant aux os anciens, il est possible d’en déduire les types de travaux que nos ancêtres faisaient », explique Alison Macintosh.

Crédits : Cambridge University

Pendant trois semaines d’entraînement des équipes d’aviron de Cambridge, au Royaume-Uni, les chercheurs ont par exemple scanné les os des bras et des jambes de jeunes femmes âgées d’une vingtaine d’années, qui s’entraînaient deux fois par jour, ramant en moyenne 120 kilomètres par semaine. Ces scans ont ensuite été comparés à ceux effectués sur les ossements de femmes vivant à la Préhistoire (89 tibias et de 78 humérus de femmes vivant au Néolithique et à l’âge de bronze). Si la force osseuse des tibias de ces femmes est similaire à celle des championnes d’aviron universitaires d’aujourd’hui, leurs humérus étaient en revanche de 11 à 16 % plus puissants que chez ces rameuses, et près de 30 % plus fort que parmi les autres étudiantes de Cambridge.

Notons également que le surdéveloppement de la partie supérieure des bras était encore plus marqué chez les femmes de l’âge du bronze (il y a entre 4 300 et 3 500 ans) dont les humérus étaient de 9 à 13 % plus solides que ceux des rameuses de Cambridge. Mais leurs tibias étaient 12 % plus faibles que chez ces athlètes. L’explication possible passe par le broyage des graines de céréales avec de lourdes meules de pierre. « Ces mouvements répétitifs des bras pour frotter les deux pierres pendant des heures a probablement eu les mêmes effets que de ramer », estime la chercheuse.

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