chine lune Chang'e 6
Crédits : CNSA

Sur la face cachée de la Lune, la Chine doit résoudre ce mystère

La mission chinoise Chang’e-6, qui vise à collecter des échantillons de la face cachée de la Lune, cherche à examiner les théories capables d’expliquer les divergences entre les côtés proche et éloigné de notre satellite naturel.

L’épaisseur de la croûte lunaire

Lancée le 3 mai dernier, la mission Chang’e-6 prévoit d’atterrir dans le bassin d’impact à double anneau Apollo début juin. Cette dépression est située à l’intérieur du plus vaste bassin, Pôle Sud-Aitken (SPA), la plus grande trace d’impact connue dans le système solaire.

L’objectif principal de la mission est de rapporter sur Terre environ deux kilogrammes d’échantillons lunaires en provenance de la face cachée. En cas de succès, ce serait une première. L’analyse de ce matériel pourrait alors nous en apprendre davantage sur l’histoire de notre satellite.

Les disparités entre les côtés proche et éloigné de la Lune intriguent notamment les scientifiques depuis des décennies. Alors que le côté proche est caractérisé par de vastes étendues de plaines volcaniques, le côté éloigné présente une couverture beaucoup plus limitée de ces formations géologiques. Cette distinction a suscité de nombreuses théories, dont l’une suggère que l’épaisseur de la croûte lunaire pourrait être un facteur déterminant.

Selon cette hypothèse, la croûte plus épaisse du côté éloigné de la Lune aurait entravé la remontée du magma à la surface, limitant ainsi l’activité volcanique. Cette idée repose sur les données recueillies par la mission GRAIL de la NASA, qui a révélé une croûte en moyenne 20 kilomètres plus épaisse du côté éloigné par rapport au côté proche.

chine lune Chang'e 6
Source: DR
L’échelle du bassin Pôle Sud-Aitken est immense. Crédits : NASA Goddard

La promesse de Chang’e-6

Cependant, l’observation des bassins SPA (Pôle Sud-Aitken) et Apollo, tous deux situés du côté éloigné de la Lune, semble contredire cette théorie. Malgré la profonde pénétration de ces bassins dans la croûte lunaire, leur activité volcanique est en effet relativement limitée. Cette contradiction suggère que d’autres facteurs pourraient être en jeu.

Parmi ces facteurs potentiels, la composition chimique de la croûte lunaire et la présence d’éléments radioactifs sont souvent évoquées. Il est notamment possible que la face proche de la Lune contienne une plus grande quantité d’éléments radioactifs, tels que l’uranium et le thorium, dont la désintégration aurait pu générer de la chaleur. Cette dernière aurait alors contribué à la fusion partielle du manteau lunaire et à une activité volcanique plus importante sur le côté proche.

La mission Chang’e-6 pourrait donc aider à résoudre ces énigmes en récupérant des échantillons de matériaux lunaires dans la région du bassin d’Apollo. Leur analyse permettra en effet aux scientifiques de mieux comprendre les processus magmatiques sur la face cachée de la Lune et de comparer les résultats avec les échantillons de la face proche ramenés par les missions Apollo.

En somme, la mission Chang’e-6 promet de faire avancer notre compréhension de la Lune et de son histoire géologique, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives sur l’exploration spatiale et la recherche scientifique.

Cet article a fit l’objet d’une étude publiée dans la revue Earth and Planetary Science Letters.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.