L’exoplanète la plus lointaine jamais découverte par Kepler est étonnamment familière

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Crédits : AD_Images/Pixabay

Une équipe d’astronomes annonce la découverte d’une exoplanète à 17 000 années-lumière de la Terre. Il s’agit du monde le plus lointain jamais identifié par Kepler, désormais à la retraite. Et le plus fascinant, c’est qu’il ressemble beaucoup à Jupiter.

Une microlentille pour Kepler

Lancé en 2009, le télescope spatial Kepler est à l’origine de la découverte de plus de la moitié des planètes confirmées à ce jour. Pour les dénicher, l’observatoire s’appuyait principalement sur la méthode du transit qui vise à mesurer de minuscules fluctuations de lumière lorsqu’une planète traverse le visage de son étoile.

Cela étant dit, toutes les données recueillies par Kepler « de son vivant » n’ont pas encore été analysées. Aussi, d’autres mondes se cachent peut-être encore dans ces archives. Ce fut notamment le cas de K2-2016-BLG-0005Lb, un nouveau monde annoncé récemment. Celui-ci est d’autant plus intéressant qu’il représente la première planète découverte par Kepler non pas grâce à la technique du transit, mais à celle de la microlentille gravitationnelle.

La technique de la microlentille gravitationnelle est une version réduite de la lentille gravitationnelle. Dans cette configuration, une étoile très lointaine alignée avec un objet massif et la Terre verra ses rayons lumineux se courber et être déviés par ledit objet massif à cause de son champ gravitationnel. Depuis la Terre, nous pourrons alors observer une augmentation de la lumière apparente de l’étoile lointaine. C’est une lentille gravitationnelle.

Dans le cas de la microlentille, l’objet massif est une étoile accompagnée d’une exoplanète. La lumière de la première étoile sera ainsi courbée par le champ gravitationnel de la seconde, puis par celui de l’exoplanète.

Cette technique est efficace pour trouver des exoplanètes lointaines. Le monde le plus éloigné découvert à ce jour par microlentille est une planète de masse terrestre retrouvée à 25 000 années-lumière. Ici, ce nouveau monde se trouve à 17 000 années-lumière. C’est un record pour Kepler, d’autant que ce dernier n’a jamais été conçu pour trouver des planètes au moyen de cette technique.

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Illustration d’un effet de lentille gravitationnelle. Crédits : Encyclopædia Universalis France

Un monde similaire à Jupiter

Cette découverte a été réalisée à partir d’une série d’observations faites en 2016 par le télescope. À cette époque, l’observatoire avait tourné « ses yeux » vers le centre galactique pendant environ trois mois. Dans ces données, des chercheurs de l’Université de Manchester ont identifié 27 événements « suspects », dont l’un était K2-2016-BLG-0005Lb. Des observations de suivi avec des télescopes au sol ont ensuite confirmé son existence.

D’après l’analyse de toutes ces données combinées, l’équipe a pu déterminer que l’exoplanète fait environ 1,1 fois la masse de Jupiter et qu’elle évolue autour de son étoile à une distance circulaire de 4,4 unités astronomiques. À titre de comparaison, la distance moyenne de Jupiter par rapport au Soleil est de 5,2 unités astronomiques. Ces deux planètes se ressemblent beaucoup, bien qu’elles soient très éloignées l’une de l’autre.

Notez enfin que si Kepler n’était pas conçu pour la microlentille, d’autres télescopes à venir seront spécialisés dans ce domaine. Ce sera notamment le cas de l’observatoire spatial Nancy Roman, dont le lancement est prévu dans les cinq prochaines années. Le télescope Euclid de l’ESA , dont le lancement est prévu l’année prochaine, sera également de la partie. Ces détections pourraient révolutionner notre compréhension des exoplanètes.