Crassigyrinus scoticus
Crassigyrinus scoticus vivait il y a 330 millions d'années dans les zones humides de ce qui est aujourd'hui l'Écosse et l'Amérique du Nord. Crédits : Bob Nicholls

Une étude lève le voile sur cet amphibien préhistorique qui sévissait bien avant les dinosaures

En reconstituant des fragments de plusieurs crânes, des paléontologues ont pu en apprendre davantage sur Crassigyrinus scoticus, une espèce éteinte d’amphibiens préhistoriques qui vivait durant le Carbonifère supérieur, il y a environ 330 millions d’années. Les détails de l’étude sont publiés dans le Journal of Vertebrate Palaeontology.

Les paléontologues connaissent Crassigyrinus scoticus depuis environ une décennie. Nous savons que cette créature tétrapodomorphe (ancêtre des amphibiens et des tétrapodes terrestres tels que les reptiles, les oiseaux et les mammifères) était un animal semi-aquatique. Cet amphibien préhistorique possédait aussi des membres robustes, des doigts et des orteils pourvus de griffes, ainsi qu’une queue puissante qui lui permettait de nager. Sa morphologie suggère qu’il s’agissait d’un prédateur actif qui sévissait dans les marais des zones humides écossaises et canadiennes qui, au cours des millions d’années suivant, se sont transformées en réservoirs de charbon.

Jusqu’à présent, il a toujours été difficile d’en savoir plus à son sujet, car tous les fossiles connus de l’animal sont sévèrement écrasés. Plus récemment, les progrès de la tomodensitométrie (CT) et de la visualisation 3D ont cependant permis à des chercheurs de l’University College de Londres de reconstituer numériquement les fragments fossilisés de quatre spécimens pour la première fois.

Crassigyrinus scoticus
Comme ici, le processus de fossilisation a provoqué la compression des fossiles. Crédits : Les administrateurs du Muséum d’Histoire Naturelle, Londres.
Crassigyrinus scoticus
Une reconstruction du crâne de C. scoticus à partir de fragments d’os broyés. Crédits : Porro et coll.

Que nous apprend cette étude ?

Dans des études antérieures, les paléontologues avaient reconstruit Crassigyrinus scoticus avec un crâne très haut semblable à celui d’une murène. Cependant, en essayant d’imiter cette forme avec la surface numérique des tomodensitogrammes, les chercheurs ont vite compris que cela ne pouvait pas fonctionner avec un palais aussi large et un toit crânien aussi étroit. Au lieu de cela, l’étude montre que l’animal aurait eu un crâne de forme similaire à celui d’un crocodile moderne.

Ces travaux montrent que comme les crocodilesCrassigyrinus scoticus avait également d’énormes dents, des mâchoires puissantes, ainsi qu’un corps relativement plat d’environ deux à trois mètres de long et des membres très courts. Pour chasser, il opérait aussi probablement de la même manière : il se cachait sous la surface de l’eau et utilisait sa puissante morsure pour attraper ses proies. La nouvelle reconstruction faciale montre qu’il avait de grands yeux pour voir dans l’eau boueuse, ainsi que des lignes latérales, un système sensoriel qui permet aux animaux de détecter les vibrations dans l’eau.

En revanche, l’équipe s’interroge encore sur un petit espace situé près de l’avant du museau de l’animal. Les auteurs de ces travaux supposent qu’il aurait pu abriter un organe rostral pour aider la créature à détecter les champs électriques. Alternativement, C. scoticus aurait pu avoir un organe de Jacobson, retrouvé aujourd’hui chez des animaux tels que les serpents, permettant de détecter différents produits chimiques.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.