Les États-Unis devaient créer une station spatiale pour espionner les Soviétiques durant la Guerre Froide

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Des documents de l’US Air Force récemment déclassifiés nous apprennent que durant les années 1960, en pleine Guerre Froide, les États-Unis avaient prévu un programme de station spatiale habitée pour mieux espionner les Soviétiques.

En pleine période de Guerre Froide et de rivalité extrême entre États-Unis et URSS, les années 1960 ont été marquées par de formidables progrès scientifiques. Les deux camps tentent alors d’étendre leur influence sur le monde et c’est la recherche spatiale qui va en bénéficier avec un véritable bras de fer engagé dans cette conquête, voyant notamment Gargarine devenir le premier homme envoyé dans l’espace côté russe, et les États-Unis poser un premier pied sur la Lune.

Des documents de l’US Air Force restés top secret et récemment déclassifiés viennent nous apprendre comment les États-Unis ont voulu exploiter ces progrès dans le domaine spatial pour mieux espionner le rival soviétique. Un projet de station spatiale habitée voit le jour sous le nom « Manned Orbiting Laboratory » (MOL), destiné à observer les installations militaires soviétiques à l’aide de militaires chevronnés et de puissants radars et télescopes.

Pas totalement secret, le projet MOL est annoncé publiquement en 1963 par le secrétaire de la Défense, présenté comme un projet purement scientifique d’observation depuis l’espace. Il débute officiellement le 10 décembre 1963 avec l’allocation d’un budget de 1,5 milliard de dollars par le Président Lyndon B. Johnson.

Une première maquette est même envoyée en 1966 depuis la base de Cap Canaveral, mais il s’agira là du seul lancement de cette mission, qui va rencontrer deux problèmes majeurs : le budget qui augmente de manière significative mais surtout la diplomatie. En effet, en 1963, Washington et Moscou avaient conjointement signé une résolution à l’ONU interdisant l’armement spatial et les États-Unis risquaient de briser cet accord. « Nous allons probablement à l’encontre de problèmes internationaux » écrit ainsi en 1965 le Secrétaire d’État Dean Rusk au ministre de la Défense Robert McNamara.

La peur d’un grave incident diplomatique, le budget toujours aussi grand et l’entrée des États-Unis dans une longue guerre au Vietnam pousseront le Président Richard Nixon à abandonner le projet en 1969.

Source : nro