États-Unis : les boîtiers Echo d’Amazon, témoins principaux d’un meurtre ?

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Des données obtenues via un objet connecté peuvent-elles servir de preuve dans une affaire judiciaire ? Selon la police américaine, la réponse est oui. Dans l’état de l’Arkansas, la justice demande à Amazon de lui communiquer des enregistrements effectués par des boîtiers Echo dans une affaire de meurtre.

Les objets connectés qui envahissent nos logements seront peut-être les témoins de demain, immortalisant silencieusement ce qui se passe, du moins au niveau sonore. Blanchir quelqu’un ou donner plus de poids à son accusation grâce à ces équipements sera sûrement davantage commun dans un futur plus ou moins proche.

Précurseur d’une telle tendance, une affaire criminelle américaine intègre un élément inhabituel : les objets connectés que sont les boîtiers Echo d’Amazon. Un ancien officier de police nommé Victor Collins a été retrouvé sans vie dans un sauna en plein air, dans le jardin de son voisin Andrew Bates. Principal témoin, ce dernier a affirmé qu’il dormait et que Victor Collins s’était noyé de manière accidentelle.

Cependant, les policiers ont trouvé des traces de lutte sur le site et ont noté une consommation de 140 gallons d’eau (0,5 m3) entre 1 et 3 h du matin la nuit du meurtre, ce qui est donc la preuve que le sauna a été rempli volontairement durant cette tranche horaire. Ces éléments permettent d’avoir de sérieux doutes sur le caractère prétendument accidentel de la noyade et la justice a inculpé Andrew Bates.

Afin d’obtenir des preuves plus concrètes sur les circonstances du drame, la police a demandé à ce que les objets connectés équipant la maison du présumé coupable soient réquisitionnés (dont les fameux boîtiers Echo d’Amazon utilisant la reconnaissance vocale Alexa). En effet, sa maison en est truffée.

Selon un communiqué du procureur du comté de Benton (Arkansas), un mandat de perquisition a été obtenu dans le but de réclamer à Amazon les données enregistrées par ses boîtiers. Cependant, les boîtiers ne sont pas censés enregistrer quoi que ce soit si le mot « Alexa » n’est pas prononcé, mais la police est persuadée qu’ils contiennent quelque chose d’intéressant pouvant servir de preuve.

Cependant, Amazon fait de la résistance et refuse d’honorer le mandat pour la raison évoquée plus haut. Il s’avère que les boîtiers Echo doivent rester en veille audio permanente, ne serait-ce que pour détecter la prononciation du mot Alexa et cette veille serait stockée sur un cloud. Mieux encore, selon le site Ars Technica, les derniers fichiers enregistrés par les boîtiers seraient stockés dans leur propre mémoire en attendant d’être transférés vers le cloud !

« L’application de la loi ne devrait pas tourner des technologies améliorant notre qualité de vie contre nous », indiquait l’avocate de l’accusé, Kimberly Weber.

Du côté d’Amazon, il y a du souci à se faire puisque dans le cas où la police parvient à prouver que les boîtiers Echo ont enregistré des données récupérables, cela voudra dire que ces derniers permettent un espionnage à l’insu des propriétaires de l’appareil, ce qui représenterait une très mauvaise publicité pour la firme. À suivre.

Sources : Ars TechnicaSciences et Avenir